Un homme en prière assistant à la célébration de la messe. : Recueil de textes ascétiques

Parchemin, 308 f., environ 384 × 275 mm, 5 miniatures à mi-page Provenance : Marguerite d’YorkCe manuscrit comporte douze traités ascétiques, notamment le Traictie de mendicite spirituelle et la Medecine de l’âme de Jean Gerson, la version française des trois premiers livres du De Imitatione Christi de Thomas a Kempis, la traduction du De reparatione lapsi de saint Jean Chrysostome et l’ Admonestement de vivre contre la vanité de ce monde . Quatre des cinq miniatures du codex sont attribuées au Maître des Traités de morale. Une cinquième illustration, de haute tenue, évoque le Maître viennois de Marie de Bourgogne. On y voit, peinte en grisaille, une jeune femme agenouillée en prière devant une représentation de la Sainte Trinité (f. 182). Cette figure montre certaines ressemblances avec celle reprise dans un exemplaire de la Vie de sainte Colette de Pierre de Vaux où sont représentés Charles le Téméraire et sa troisième épouse, agenouillés devant une vision de la sainte (Gand, Couvent des Clarisses, ms. 8, f. 40 v o ). De grand format pour un livre de dévotion privée, le Bruxellensis 9272-76 a appartenu à Marguerite d’York. Comme l’a mentionné Christiane Van den Bergen-Pantens, il n’est pas certain toutefois que la duchesse douairière en ait été l’instigatrice. Dès l’origine en effet, un espace a été réservé au folio 9 pour inscrire l’écu d’un commanditaire. On y trouve certes les armes de Marguerite d’York, dont on voit encore le dessin préparatoire sur le bord supérieur, ainsi que celui de la guiche. Il ne s’agit cependant que d’une marque d’appartenance, non synonyme de commande. Ainsi à tort probablement, l’orante évoquée au folio 182 a longtemps été identifiée à Marguerite d’York, sur la base des armoiries, des vêtements et d’une supposée ressemblance avec la soeur du roi Édouard IV d’Angleterre (en particulier le portrait conservé au musée du Louvre à Paris). Il est en réalité peu probable que le personnage représenté soit la duchesse, habituellement accompagnée de ses courtisanes et plus richement habillée, comme dans le Recueil de traités ascétiques conservé à la Bodleian Library d’Oxford (ms. Douce 365, f. 115). D’autre part, que penser de l’homme (f. 55) qui lui fait manifestement pendant ? Même vêtues à la mode du temps, ces deux figures semblent en réalité symboliques. Si le codex entra bien dans la bibliothèque de la duchesse, il relève plutôt d’un don ou d’un achat. Forte personnalité, louée pour ses largesses aux institutions religieuses et aux ordres mendiants, effacée voire introvertie d’après les chroniqueurs de l’époque, Marguerite d’York affirme des choix littéraires dictés surtout par sa piété, ses aspirations contemplatives et sa dévotion aux dogmes de l’Église romaine. Elle prend l’initiative de traductions et commande des manuscrits à des artistes de renom. Car l’épouse de Charles le Téméraire savait choisir ses « fournisseurs ». Les plus grands copistes et enlumineurs ont travaillé pour répondre à ses commandes, que ce soit David Aubert pour la copie des textes ou Simon Marmion et le Maître du Girart de Roussillon pour l’illustration. Sa bibliothèque comprenait quelques codices particulièrement prestigieux comme le Benoit seront les miséricordieux de son aumônier Nicolas Finet (Bruxelles, KBR, ms. 9296), la Consolation de philosophie de Boèce (Iéna, UB, ms. El. F. 85), le Dialogue de la duchesse de Bourgogne à Jésus-Christ (Londres, BL, ms. Add. 7970) ou les très hermétiques Visions du chevalier Tondal (Los Angeles, JPGM, ms. 30). À l’instar d’autres volumes de dévotion, Marguerite d’York donna l’ouvrage à sa filleule Marguerite d’Autriche. En 1530, il passa dans la collection de Marie de Hongrie, puis entra, en 1559, dans la Bibliothèque de Bourgogne où il figure régulièrement dans les inventaires. Enlevé par les Français en 1794, il sera restitué en 1815.téléchargeabl