Ami et Amile reçus par le pape. : Jean Mansel, La Fleur des histoires

Parchemin, I + VIII (table) + 406 f., environ 418 × 310 mm, 26 miniatures Provenance : Jean-Louis de SavoieJean Mansel, né au début du xv e siècle, mort en 1473 ou 1474, fit carrière dans l’administration fiscale bourguignonne et occupa plusieurs charges de receveur en rapport avec le comté d’Artois, le château et la ville de Hesdin dont il était bourgeois. Il est l’auteur d’une histoire universelle, vaste compilation, qui s’étire de la Création jusqu’au règne de Charles VI. Il en existe deux versions, en trois ou quatre livres. La première est produite vers 1448-1451, et la seconde attestée en 1464. L’auteur y a intégré, avec quelques modifications, les Histoires romaines qu’il avait entre-temps écrites pour Philippe le Bon (Paris, BNF, Ars., mss 5087-5088). Les deux versions connurent une diffusion large et parallèle. Cet exemplaire relève de la première version, même si sa transcription s’étend sur quatre volumes (Paris, BNF, Mss, fr. 296-299). Il appartint à Jean-Louis de Savoie (1447-1482), connu pour posséder d’autres livres luxueux. Fils du duc de Savoie, archevêque de Tarentaise en 1458, évêque de Genève en 1460, il fut l’allié militaire de Charles le Téméraire. Ses armoiries, de gueules à la croix d’argent traversant , surmontées d’un chapeau ecclésiastique, figurent dans la marge inférieure en début de chaque volume. Il laissa son ex-libris dans deux d’entre eux, dont celui-ci (f. 406). À sa mort, son neveu, le duc Charles I er de Savoie, en hérita. Les quatre volumes figurent dans l’inventaire de la bibliothèque de Savoie, dressé à Turin le 16 février 1498, des biens de la duchesse Blanche de Montferrat, veuve de Charles I er . On les retrouve plus tard dans la bibliothèque de François I er , arrivés là peut-être par sa mère, Louise de Savoie (1476-1531), cousine de Charles I er . Les miniatures sont diversement réparties entre les volumes (respectivement 2, 2, 44 et 26). La plupart sont consacrées à l’histoire biblique et hagiographique. Dans cette version, le dernier volume regroupe des scènes profanes de l’Antiquité et de l’histoire de France. À l’exception des frontispices des tomes un et deux – le premier mis au crédit du Maître du Flavius Josèphe du musée Soane – l’essentiel de l’illustration se partage entre Philippe de Mazerolles et le Maître aux mains volubiles, actifs à Bruges dans les années 1470-1480. Dans ce dernier volume, par exemple, Mazerolles exécuta les décors marginaux, les initiales ornées, la majorité des petites miniatures et toutes celles de grand format (f. 1, 48 v o , 59 v o ). Celles-ci sont construites sur le même schéma : une pièce au sol dallé vert, couverte d’un haut berceau de bois. Cet espace, vu de face, communique avec des salles latérales, qui ne sont pas en enfilade, ni perpendiculaires, mais déboîtées, comme si le plan général de l’architecture était rayonnant à la façon d’un panoptique. Le fond est systématiquement tendu d’une tapisserie rouge emblématique, ornée d’arbres, d’oiseaux et de phylactères aux noms de Jésus et de Marie, car ces images mettent toutes en scène des personnages religieux, en particulier des papes. Ce décor était propre à satisfaire le prélat commanditaire des volumes. Enfin, certaines petites miniatures laissent deviner l’intervention de Philippe de Mazerolles pour la composition et du Maître aux mains volubiles pour l’exécution (f. 81 et 124). Cette répartition des tâches est à l’image de l’économie générale des livres où le rôle de Mazerolles prédomine. Les deux artistes collaborèrent encore à un autre exemplaire connu par deux volumes (Copenhague, KB, mss Thott 568 2 o et Acc. 2008/74).téléchargeabl