La Crucifixion. : Ludolphe de Saxe, Vie de Jésus-Christ

Parchemin, 171 f., 334 × 242 mm, 16 miniatures Provenance : Philippe le BonLudolphe de Saxe, dit le Chartreux, auteur d’ouvrages ascétiques (1314-1378), a écrit sa Vita Christi en latin. Dans cet ouvrage, il relate différents épisodes de la vie du Christ. Il les épure partiellement des ajouts apportés par les différentes traditions et tente de les ramener à la stricte filiation évangélique, en les enrichissant toutefois d’explications théologiques. Ce texte connut une large diffusion dans les cercles lettrés des XV e et XVI e siècles. La version française, abrégée, de cette Vita Christi est due à Jean Aubert (vers 1363-1444), père du traducteur et copiste David Aubert. Il fut fonctionnaire des finances ducales sous les ducs de Bourgogne Philippe le Hardi, Jean sans Peur et Philippe le Bon, d’abord à Dijon puis à Lille (comme auditeur de la chambre des Comptes). Le manuscrit de Bruxelles, KBR, ms. IV 106, a été copié en 1461 par David Aubert pour Philippe le Bon, comme l’indique le colophon (f. 171). La miniature frontispice figurant une scène de présentation – que l’on retrouve souvent en tête des manuscrits réalisés pour le Grand duc d’Occident – est absente du manuscrit, probablement parce que Jean Aubert n’a pas travaillé à ce texte à l’instigation du duc. Les marques de propriété du duc sont également absentes. Le manuscrit de Bruxelles (KBR, ms. IV 106) faisait néanmoins partie de la librairie ducale car il apparaît dans l’inventaire de 1467-1469. Il est présent pour la dernière fois dans l’inventaire du roi d’Espagne Philippe II en 1577. Il disparaît alors sans laisser de trace jusqu’en 1887, où il reparaît à Paris. Plusieurs fois mis aux enchères, il a été acheté par la Bibliothèque royale de Belgique en 1960. Les seize miniatures qui ornent ce volume ont toutes été réalisées par Loyset Liédet , sans doute peu de temps après la transcription du volume, alors que l’enlumineur se trouvait encore à Hesdin. Dans certaines miniatures, quelques personnages sont de moindre qualité. Ce n’est cependant pas le cas de la scène de la Crucifixion (f. 133) qui se déroule dans un paysage caractéristique des réalisations de Liédet. Deux promontoires rocheux stylisés délimitent le premier plan. Au loin, la ville de Jérusalem se dresse sur une colline basse. L’art de Liédet est encore empreint de l’influence de Simon Marmion, comme dans les Histoires romaines conservées à Paris à l’Arsenal (mss 5087-5088), réalisées peu avant 1460. Les personnages affectent un canon plus court que dans ses oeuvres ultérieures et les visages sont plus ronds. Mais on pressent déjà dans les scènes son goût pour l’anecdotique, comme par exemple dans les détails de la scène du f. 49 v o , où Jésus encore enfant aide son père dans son travail de menuiserie pendant que la Vierge file de la laine au coin du feu. La Crucifixion, bien que plus en largeur, doit beaucoup aux compositions de Marmion, celle par exemple du Pontifical de l’Église de Sens (Bruxelles, KBR, ms. 9215, f. 129) réalisé vers 1455-1460 ou encore celle du Livre de prières de Philippe le Bon (Paris, BNF, Mss, NAF 16428, f. 84), daté des années 1462-1465 et dont le texte des prières est dérivé des oraisons de la Vie de Jésus- Christ de Bruxelles. La seule vraie différence avec le manuscrit de l’Arsenal est l’absence de décoration marginale. Ce système se retrouvera régulièrement dans les créations de Liédet pour le duc de Bourgogne.téléchargeabl