Le couronnement de Sigebert. : Jacques de Guise, Chroniques de Hainaut

Parchemin, 296 f., 440 × 312 mm, 60 miniatures Provenance : Philippe le BonLa traduction française du deuxième volume des Annales Hannoniae de Jacques de Guise fut entamée par Jean Wauquelin probablement à la même époque ou peu de temps après l’approbation du premier volume par le duc Philippe le Bon en février 1447. Le colophon au f. 295 vo mentionne la date du 8 décembre 1449. Pour certains auteurs, il s’agit de la date de l’achèvement de la copie par Jacotin du Bois, qui avait déjà copié le premier volume du texte ; pour d’autres, il s’agit de la date d’achèvement de cette partie de la traduction par Wauquelin. Philippe le Bon ordonna par mandement daté du 28 décembre 1450 de rembourser Jean II de Croÿ, grand bailli de Hainaut, qui avait payé le scribe Jacotin du Bois (trente-sept cahiers au prix d’un riddre [ou cavalier, monnaie d’or] pour chaque cahier). Ce remboursement n’eut cependant pas lieu. Jean de Croÿ fit d’ailleurs comparaître la veuve de Wauquelin le 4 avril 1453 devant un conseiller du duc afin de justifier sa demande de remboursement. Croÿ ne rentrera dans ses fonds qu’en 1456. Après avoir été copié, il fallut un certain temps pour que le volume fût illustré. En juillet 1468, Jacques de Brégilles, garde des joyaux du duc et responsable de sa librairie, fut remboursé d’un paiement à « Guillaume Wielant » (Willem Vrelant) de « 60 ystoires de pluseurs couleurs qu’il a faictes ou second volume des ystoires des nobles Princes de Haynnau ». La datation de ces enluminures a fait couler beaucoup d’encre. Certains auteurs, se basant sur le paiement à Jacques de Brégilles, situent la réalisation de l’illustration vers 1467-1468. Cependant, la présence du volume relié dans l’inventaire de la librairie ducale dressé après la mort de Philippe le Bon nous semble indiquer que le manuscrit fut enluminé par Vrelant avant la mort du duc. Bernard Bousmanne (voir LDB-IV 2009) date la réalisation de ces miniatures d’avant le 20 janvier 1450, date de l’entrée du volume sous forme de cahiers non reliés dans la librairie ducale, comme l’atteste un document d’archives. Pourtant, après examen des miniatures, il apparaît que certains éléments d’ordre vestimentaire, qu’ils soient masculins ou féminins, ne peuvent être datés du début des années 1450, mais bien des années 1460. L’illustration nous semble donc devoir se situer vers 1465- 1467, au cours des dernières années de vie du duc. L’intervalle assez long entre la copie du texte et son illustration ne doit pas étonner outre mesure car dans les années 1450 et 1460 un nombre croissant de textes furent fournis à la librairie ducale et plusieurs manuscrits restèrent inachevés assez longtemps. Ce phénomène est exemplifié par les textes qui n’étaient ni illustrés, ni reliés à la mort du duc et que son successeur, Charles le Téméraire, fit compléter. Vrelant sera donc payé pour l’illustration de ce volume, central dans le corpus de cet artiste. Cependant, une seconde main au moins a participé à son illustration. Bernard Bousmanne (voir Bousmanne 1997) a nommé cet artiste le Maître de la Vraie Cronicque descoce, d’après un manuscrit contenant ce texte qu’il illustra seul (Bruxelles, KBR, ms. 9469-70). Vrelant semble avoir travaillé avec ce maître dans plusieurs manuscrits, mais jamais cette collaboration ne fut plus étroite que dans le deuxième volume des Chroniques de Hainaut . À l’intérieur de certaines miniatures, on peut voir que Vrelant s’attache à peindre les personnages principaux, laissant à son collaborateur le soin d’achever les personnages secondaires. Cette façon de faire est criante notamment au f. 146, représentant le couronnement de Sigebert, où seules les figures du roi et de l’évêque, ainsi que le couple traversant le pont, furent réalisées par Vrelant.téléchargeabl