Intervenir en faveur de la justice sociale et des droits de la minorité juive: La carrière politique de Peter Bercovitch à l'Assemblée législative du Québec, 1916--1938

Peter Bercovitch est le premier député juif à siéger à l'Assemblée législative du Québec. Épris de politique depuis les années 1900 et 1910, cet homme désire donner une voix démocratique aux Juifs montréalais, et ceci en se présentant en 1916 comme candidat libéral dans la circonscription de Montréal-Saint-Louis; il s'agit d'une circonscription dans laquelle se retrouve une bonne partie de la collectivité juive. À la suite de son élection, le jeune député entame une longue carrière politique à l'Assemblée législative. Il se fait réélire à six reprises, ce qui lui permet d'être député libéral pendant 22 années consécutives. L'élection d'un membre de la minorité juive du Québec est considérée comme une réalisation importante au début du XXe siècle, compte tenu du fait que ce sont surtout les Canadiens français et les Canadiens anglais qui réussissent à se faire élire à la Législature québécoise. Bien qu'il soit d'origine juive, Bercovitch parvient à se tailler une place au sein du Parti libéral du Québec. Ainsi, la présente étude tente de comprendre la participation politique d'un membre de la minorité juive du Québec à compter de 1916. En examinant attentivement les principales interventions de Bercovitch à l'Assemblée législative, il est possible de démontrer que son orientation politique évolue au cours de sa carrière de deputé. Bercovitch est d'abord reconnu pour ses interventions qui préconisent la justice sociale. Il plaide en faveur du respect des droits de tous les Québécois, peu importe leur origine ou leur religion. Cependant, le député devient par la suite un ardent défenseur des droits de la minorité juive au Québec. Les prises de position de Bercovitch lors des différents débats démontrent d'ailleurs que le députe est plus sensible que ses confrères face à des enjeux qui touchent à la justice sociale et aux droits de la minorité juive. Étant donné qu'il défend les droits de ses coreligionnaires durant une bonne partie de sa carrière politique provinciale, Bercovitch est associé de près à la communauté juive durant les années 1920 et 1930, ce qui le prive sans doute d'un poste de ministre au sein du cabinet de Louis-Alexandre Taschereau en 1931