Rationalisation et modernisation sociale : Max Weber et Jürgen Habermas

Ce travail est surtout une confrontation systematique des deux principales conceptions de la rationalisation sociale que sont celle de Max Weber et celle de Habermas. Dans ce cadre, il a fallu d'abord relever les problemes de la critique de Weber par Habermas, problemes qui semblent avoir echappe jusqu'a present aussi bien aux commentateurs de Weber qu'a ceux de Habermas. Ensuite, partant des travaux de la sociologie des religions de Weber, il tente de montrer comment il faut rectifier certaines des conclusions de la theorie habermassienne de la modernisation de la societe; en l'occurrence que les donnees de la sociologie des religions ne permettent pas de confirmer la these de la rationalisation synchrone des trois complexes universels de rationalite en Occident, cette these qui se trouve au centre meme de la theorie de l'activite communicationnelle. Bien evidemment, un tel examen, qui n'est somme toute qu'une reevaluation de l'interpretation habermassienne de Weber, ne saurait constituer a lui seul une critique suffisante de Habermas. Cependent, parce qu'il l'avantage d'examiner dans le detail l'argumentation qui sert de fondement a la critique habermassienne du paradigme de la rationalite instrumentale, il a un interet qui, bien qu'essentiellement negatif, n'en n'est pas moins non negligeable. Car il permet en effet d'etablir: Premierement, que l'on ne peut pas faire deriver la these du changement de paradigme de l'argument conceptuel qui constitue le fond de la pensee de Habermas: a savoir qu'il est principiellement impossible de rendre compte de la modernisation sociale a partir d'un modele comme celui de Weber. Deuxiemement, que pour cette raison on ne peut pas soutenir, comme Habermas, que le paradoxe de la modernisation, a savoir la critique des effets pervers resultant de la rationlisation capitaliste, est une simple consequence du caractere limite du concept de rationalite instrumentale. Et enfin que, partant des theories de Weber et Habermas, il est possible de construire une typologie plus precise des actions sociales, laquelle permet d'eviter les limitations de chacune d'elles, et par consequent de nous doter aussi d'un instrument plus adequat pour l'analyse empirique des phenomenes de transformation sociale