Impact d’ un événement extrême (sécheresse, canicule) sur une prairie permanente de moyenne montagne, dans un contexte de changement global

Les rapports d’expertises sur le climat annoncent, pour le XXIème siècle, un réchauffement global avec une augmentation de la variabilité des précipitations, incluant des épisodes de sécheresse. Ces modifications environnementales affectent les processus des écosystèmes soit de manière ponctuelle via des mécanismes de résistance, soit de manière durable via des mécanismes de résilience. De plus, suivant les stratégies fonctionnelles au sein d’une communauté végétale, les réponses individuelles (tolérance, acclimatation) et les effets en retour de la communauté sur les processus de l’écosystème pourraient être variables. Pour les prairies permanentes, il existe peu d’études qui ont étudié ce cadre théorique réponse-effet pour une modification ponctuelle et/ou moyenne du climat. Une expérimentation est conduite pendant trois ans (2009-2011) en prairie permanente (Massif central). Un premier équipement de réchauffement passif permet d’augmenter la température de surface du couvert la nuit, et modifie les conditions du sol. Un autre système de réchauffement infrarouge actif permet de simuler une canicule de +6°C parallèlement à une sécheresse prolongée. Grâce à ce dispositif expérimental permettant de manipuler le microclimat de la végétation, quatre scénarios climatiques régionalisés sont appliqués avec ou sans extrême (canicule, sécheresse) la première année (CN: Control Non extrême; CX: Control avec extrême; TN: Température Non extrême; TX: Température avec extrême). De plus, deux régimes de coupes sont mis en œuvre afin de comparer leurs effets combinés à celui des scénarios. Les communautés végétales sont initialement caractérisées par 25 espèces dont 4 (Lolium perenne, Poa trivialis, Taraxacum officinalis, et Trifolium repens) représentent 80% du couvert. L’impact de l’extrême climatique sur ces communautés montre une meilleure résistance de D. glomerata et T. officinalis. Bien que nettement réduits, le potentiel hydrique et la conductance stomatique de T. officinalis ne semblent pas atteindre des seuils critiques. L’enracinement en profondeur et la présence en grande quantité de réserves carbonées dans le pivot réduiraient l’effet du stress hydrique pour cette espèce. D’autre part, des mesures de stabilité membranaire montrent une dégradation partielle des méristèmes de D. glomerata et suggère une diminution du potentiel de reprise de croissance. En plus de l’importante sénescence aérienne, la respiration du sol a diminué de 40% pendant l’extrême et confirme une baisse des activités végétales et microbiennes pour cette période. A l’automne, une repousse variable selon les scénarios indique l’existence d’un potentiel de récupération. Enfin, la résilience sera caractérisée après récolte de la repousse de printemps en 2010 et par analyse de la composition botanique