Evaluation de l’intérêt d’utiliser les prairies multi-espèces pour améliorer l’autonomie alimentaire des systèmes d’élevages de chèvres laitières

Le bassin caprin de l’Ouest de la France représente à lui seul plus de la moitié de la production laitière caprine nationale. En dix ans, les exploitations se sont spécialisées et ont fortement accru les achats extérieurs d’intrants et d’aliments, perdant ainsi en autonomie. Le contexte pédo-climatique de la région Charentes-Poitou, la conjoncture technico-économique de la filière et l’augmentation des prix des aliments ont mis en mal grand nombre de trésoreries agricoles. Ce contexte a amené les acteurs de la filière à engager une réflexion sur l’autonomie alimentaire et la place de l’herbe dans les systèmes de production caprins. L’insertion et la valorisation des prairies multi-espèces dans les systèmes fourragers sont apparues comme une des solutions à ces enjeux.[br/] L’INRA de Rouillé-Lusignan a mis en place un dispositif expérimental appelé Patuchev. Cette plateforme est composée de trois lots de chèvres de race Alpine, à système de reproduction et d’alimentation différents, c’est-à-dire deux lots à reproduction désaisonnée, l’un avec une alimentation en bâtiment (DB), l’autre au pâturage (DP) ; le troisième lot de chèvre a, quant à lui, une reproduction saisonnée avec un système d’alimentation basé sur le pâturage (SP). A chaque lot est dédié indépendamment un parcellaire de 10 hectares, permettant la production de fourrage, et de la complémentation.[br/] Mon étude a consisté à évaluer l’intérêt d’utiliser les prairies multi-espèces pour améliorer l’autonomie alimentaire des systèmes d’élevages de chèvres laitières. Cela a permis de mettre en évidence une différence significative de la qualité du fourrage selon son année de récolte et donc l’impact de cette qualité sur l’ingestion des chèvres. Les trois lots ont été évalués pour l’année 2014, en comparant les résultats aux objectifs du dispositif. Les lots désaisonnés ont une faible production laitière pour la campagne 2014 (632,39 L/chèvre/an pour les DP, 642 L/chèvre/an pour les DB), à mettre en relation avec le décalage de reproduction depuis deux ans ; et une autonomie globale de 78,8 % pour le lot DP, et 76,7 % pour les DB. Pour le lot saisonné, les résultats 2014 sont en attente de la fin de campagne laitière, mais une plus grosse production laitière est déjà faite, avec seulement 6 mois de production