Depuis ses premiers écrits, Yves Bonnefoy n'a cessé de s'inspirer du travail des peintres afin de mieux comprendre et de mieux définir sa propre démarche poétique. Le présent article tente d'élucider le rapport que Bonnefoy entretient, d'une part, avec le langage et son pouvoir d'abstraction, qui nous détourne d'une expérience vécue dans l'immédiat ; et, d'autre part, avec la peinture moderne, où intervient aussi, mais dans un contexte tout à fait différent, l'abstraction. Souvent coupée de tout lien mimétique avec les choses et les êtres de la réalité sensible, la peinture moderne ne peut qu'interroger Bonnefoy, pour qui la poésie, " c'est ce qui vise un objet - cet être-ci, en son absolu, ou l'être même, la présence du monde, en son unité...