Cet article se propose de comparer la politique de la littérature de Jacques Rancière et l’éthique de la littérature de Martha Nussbaum. Il s’agit d’éclairer comment ces deux approches de la littérature, même si elles s’ancrent dans des traditions théoriques différentes, se recoupent grâce à l’idée fondamentale selon laquelle la littérature serait l’occasion d’acquérir des connaissances pratiques. La lecture littéraire, chez Rancière comme chez Nussbaum, permet d’affiner notre attention au monde et met ainsi en jeu la perceptibilité des sujets. En cela, ils affirment tous deux avec force que la littérature, loin d’être coupée du monde, n’a de sens qu’au coeur même de l’existence, puisque le texte situe le lecteur devant l’altérité et l’enjo...