Les manifestes de Georg Baselitz, 1961-1994 : Intimité, altérité, et exposition (hors) de soi

L’artiste Georg Baselitz ne « renverse » pas uniquement ses tableaux ; il réinvente, dans ses huit manifestes publiés entre 1961 et 1994, l’écriture manifestaire, liant et déliant volontairement le texte aux oeuvres picturales. Baselitz renoue ainsi avec la vision parnassienne de « l’art pour l’art », ne vit que dans son créatorium intérieur, où plane l’ombre d’Antonin Artaud, invente sous nos yeux son propre mythe. Comme Yves Klein et comme Orlan, Baselitz lira ensuite ses manifestes lors de conférences, tel un artiste-prédicateur. Si ses manifestes se sont délestés de leurs revendications tapageuses, ils gardent le goût de la subversion, créant un discours dans lequel se confrontent la création d’une mythologie personnelle et l’écrit-confession, qui amène l’artiste à exposer son intimité.Not only does artist Georg Baselitz “upend” his paintings, he also reinvents manifesto writing in his eight such works, published from 1961 to 1994. By (dis)associating his words from his paintings, Baselitz rediscovers the Parnassian vision of “art for art’s sake”. He lives solely in his inner creative space, visited by Antonin Artaud’s spirit, and invents his own myth under our very eyes. Along Yves Klein and Orlan, Baselitz reads his writings during conferences, much like an artist-preacher. His manifestoes may have since relinquished their vocal demands, yet they remain somewhat subversive, giving rise as they do to a discourse confronting the creation of a personal mythology with a confession-like style of writing that forces the artist to reveal his inner secrets