Les réfugiés de Palestine dans le royaume de Jordanie (mai 1948-septembre 1970) : processus, succès et limites de leur intégration socio-économique

La Jordanie fait figure d’exception régionale en ce qui concerne les réfugiés palestiniens. Bien que, comme ses voisins, elle en ait accueilli un très grand nombre, elle est le seul pays à leur avoir accordé la citoyenneté. En 1948, la Jordanie est un petit pays composé de zones désertiques et relativement peu peuplé. La création de l’État d’Israël et la guerre qui s’ensuit entre Israël et les pays arabes entraînent un afflux majeur de réfugiés palestiniens dans l’ensemble des pays arabes. On estime ainsi à 750 000 le nombre de personnes ayant quitté la Palestine en 1948, dont un dixième se dirige vers le royaume jordanien. Les Nations Unies, à travers une agence dédiée à la question palestinienne (l’UNRWA), prend en charge les réfugiés en leur apportant une aide matérielle et technique, en partenariat avec les gouvernements des pays d’accueil. Cette aide se matérialise par la création de camps de réfugiés, lesquels accueillent environ 350 000 personnes dans le royaume hachémite si l’on inclut la Cisjordanie, région annexée par la Jordanie entre 1948 et 1950. L’octroi de la citoyenneté est un facteur qui a indéniablement facilité le mécanisme d’intégration des réfugiés de Palestine à la communauté nationale jordanienne. En outre, les différents programmes mis en place par l’UNRWA à destination des réfugiés leur ont permis, dans une certaine mesure, de s’insérer sur le marché de l’emploi, non sans réticences et résistances tant de la part des populations réfugiées que des populations autochtones