Exil et intellectuels transnationaux

Cet article propose des paramètres en vue d’une sociologie historique comparée des situations d’exil dans le monde intellectuel, ainsi que de leurs conséquences sur la poursuite de l’activité créatrice et sur la formation de réseaux, voire de champs transnationaux : les rapports de force inégaux entre les cultures d’origines et les cultures d’accueil, lesquels peuvent varier selon les disciplines ou activités, la structuration des champs de production culturelle dans le pays d’origine et le pays d’accueil, et l’existence de réseaux organisés ou informels ainsi que de structures d’accueil. Ces facteurs structuraux se combinent aux propriétés sociales (âge, genre, « race ») des exilées, à leurs dispositions et à leurs ressources individuelles et collectives (linguistiques, culturelles, économique et sociales) pour déterminer les chances d’insertion et de poursuite de l’activité en exil, comme en témoignent les trajectoires des exilées allemandes et français des années 1930 et 1940