: How (not) to think about peace in Africa? The benefits of crisis economics and its merchants of solutions

This paper looks at the contextual definition of "crisis" in Mali, examining its conceptual potential, political force and performativity. The aim is to decipher the rhetoric of international agencies, which seem to evoke not so much the crisis as the post-crisis. In so doing, they produce a fiction that tends to replace the real, as if it were necessary to avoid thinking about the crisis by skipping a square and going straight to peace. These crisis professionals are many and varied in nature (UN, peacekeeping missions, bilateral cooperation, ECOWAS, the world of expertise, etc.). They advocate and experiment with institutional arrangements ("traveler models", military operations, regional reorganizations, etc.) based on operational techniques (capacity building, dialogue forums, etc.), but whose effectiveness seems limited, to say the least. The question then arises as to whether these actors who form a system are not, consciously or unconsciously, moving from the "economy of war", with its merchants of cannon, to the "economy of crisis", with its merchants of solutions, without peace being truly envisaged as one of them.Cette communication propose de revenir sur la définition contextuelle de la « crise » au Mali, pour en examiner son potentiel conceptuel, sa force politique et sa performativité. Il s’agira de décrypter la rhétorique des agences internationales, qui semblent évoquer moins la crise que la post-crise. Ce faisant, elles produisent une fiction qui tend à se substituer au réel, comme s’il fallait éviter de penser la crise en sautant une case pour en arriver directement à la paix. Ces professionnels de la crise sont multiples et de nature diverse (ONU, Missions de maintien de la paix, coopérations bilatérales, CEDEAO, monde de l’expertise…). Ils prônent et expérimentent des dispositifs institutionnels (« modèles voyageurs », opérations militaires, réorganisations régionales…) qui s’appuient sur des techniques opérationnelles (renforcement des capacités, instances de dialogues…), mais dont l’efficacité paraît pour le moins limitée. On se demandera alors si ces acteurs qui font système ne réalisent pas là, consciemment ou non, un passage de l’« économie de la guerre », avec ses marchands de canons, à l’« économie de la crise », avec ses marchands de solutions, sans pourtant que la paix ne soit véritablement envisagée comme l’une d’entre elles