Cet article analyse la figure du prophète dans les tragédies françaises de la Renaissance entre 1550 et 1585 environ. À l’instar des figures de Cassandre et de Jérémie, le personnage du prophète trouve dans le genre tragique un environnement favorable où il peut exprimer les aspects douloureux de sa fonction sur le mode pathétique. Mais on observe que sa position est fragile, car il est victime de plusieurs stratégies visant à l’évacuer. Que ce soit la concurrence d’autres personnages qui s’arrogent certaines de ses prérogatives ou l’auteur qui lui fait jouer des rôles annexes, le prophète voit sa place constamment menacée. Robert Garnier, dans Les juives, va jusqu’à annoncer la fin de toutes les prophéties. Il semblerait que ce soit le seu...