Entre mari et femme : dons réciproques et gestion des biens à l'époque mérovingienne d'après les chroniques et les Vies de saints

International audienceCet article s'intéresse aux transferts et à la gestion des biens entre époux tels qu'ils sont mis en scène dans les sources narratives (chroniques et Vies de saints) écrites dans le royaume franc mérovingien (de la fin du VIème au milieu du VIIIème siècle). Ces documents mettent en évidence trois temps forts dans les relations patrimoniales au sein du couple. Le premier se situe au moment du mariage où l'on assiste à une succession d'échanges réciproques codifiés par des gestes rituels qui scandent l'alliance officielle : les cadeaux de prix et les arrhes offerts par le futur mari aux parents de la femme, la dot que cette dernière amène avec elle, sorte de trousseau composé de biens meubles, et enfin la dot que lui promet son époux, et qui constituera dans son veuvage, son douaire ; une seule fois, il est question de la " Morgengabe ", qui, dans la tradition germanique, correspond au don du mari fait à son épouse vierge au lendemain de la nuit de noces,. Durant la vie conjugale, la gestion du patrimoine apparaît comme une affaire commune. On perçoit cependant une répartition implicite des tâches entre, le mari qui supervise le patrimoine immobilier et en défend les intérêts, et l'épouse qui tient les rênes du ménage et gère les biens domestiques qu'elle redistribue à sa guise. Enfin, l'analyse des donations pieuses et des fondations monastiques montre que les femmes ont pu avoir, au moment de leur veuvage, une plus grande liberté d'action vis à vis de leur patrimoine immobilier constitué à la fois par l'héritage reçu de leurs parents et leur douaire. Seul le nouveau chef de famille a le pouvoir de contrecarrer leur volonté lorsqu'il s'agit d'affaires mobilières mettant en jeu le patrimoine familial