Accompagner à des fins de santé le changement des pratiques pédagogiques liées au numérique dans laformation professionnelle en alternance des internes de médecine générale

Les études de médecine s’effectuent dans des Unités de Formation et de Recherche (UFR) des Facultés de Médecine. Le Département d’enseignement et de recherche en médecine générale (DERMG) à Nice y prend en charge la formation des internes sur les trois années du diplôme d’études spécialisées (DES) de troisième cycle. Le DERMG est composé d’enseignants associés ou titulaires (professeurs et maîtres de conférences), de chefs de clinique, d’assistants-universitaires, animateurs de groupes d’échanges de pratiques, de maîtres de stage des universités (MSU) et de référents du DES. L’ensemble de l’équipe pédagogique enseignante est composée de médecins généralistes partageant leur temps entre leurs activités cliniques ambulatoires et celles d’enseignement et/ou de recherche en médecine générale. Les étudiants de médecine générale sont des internes formés en alternance entre des cours jusqu’alors réalisés en présentiel à la Faculté de médecine et des stages dans différents terrains professionnels donc certains en secteur hospitalier. Les tuteurs de stage s’efforcent quant à eux de préserver la santé des internes qui sont fortement exposés aux risques psychosociaux. Deux études locales menées en 2013 puis en 2019 mettaient en évidence un taux particulièrement élevé de risques de burnout (Maslach Burnout Inventory). À ce diagnostic initial s’ajoutait celui d’une insatisfaction professionnelle récurrente des médecins à propos de leur mission d’enseignement dans la mesure où la conception de la formation au sein du DES ne permettait pas de « faire quelque chose » face aux risques de santé encourus dans les étudiants. Ce sont donc le travail des enseignants et l’insatisfaction professionnelle qui y est associée d’une part et le travail des étudiants dont les stages sont des épreuves pour leur santé mentale d’autre part qui sont les objets d’études du projet CP4H. CP4H est une intervention-recherche pluriannuelle et pluridisciplinaire déployée autour de la «promotion de la santé et la conduite de changement dans le cursus de médecine générale par l’évolution des pratiques pédagogiques universitaires ». Sa visée est la conception d’une formation hybride (présentiel et usage d’un LMS Moodle) et l’usage du numérique à des fins de « sanctuarisation » de l’espace-temps d’apprentissage dans l’alternance. CP4H est adossé à des présupposés théoriques et à une démarche développementale à visée de santé (Ciavaldini-Cartaut, 2021) qui permettent le recueil de données mixtes sur l’activité humaine. Dans le cadre de ce symposium, seuls les résultats qualitatifs de la première phase (2019-2020) seront présentés (Jouet-Robba, 2020). Le premier résultat montre l’importance d’accompagner le changement des pratiques de formation par le numérique en exploitant le modèle des phases de préoccupations du sujet dans la résistance au changement tel que conçu par Meunier, Bareil et Savoie (2008). Le second résultat souligne que l’acceptabilité des usages du numérique (Tricot et al., 2003) détermine la transformation des pratiques d’enseignement et que l’intervention doit en tenir compte pour accompagner le sujet capable. Le troisième résultat montre que l’accompagnement au changement des pratiques de formation par le numérique et l’hybridation confère aux médecins-enseignants plus de capacités d’usage (performance expectancy, modèle UTAUT de Venkatesh et al., 2003) qui facilitent la régulation de la charge de travail et confèrent un gain de satisfaction professionnelle. Cela nous permet d’évoquer l’effectivité de la « sanctuarisation » perçue qui est conférée à la formation par son caractère hybride et numérique dans le passage des capacités aux capabilités d’agir des médecins généralistes impliqués dans l’étude