Le développement phonologique de l’enfant implanté : l’apport de la Langue française Parlée Complétée

International audienceLa Langue française Parlée Complétée (LfPC) est un système phonétique qui permet de compléter le message auditif à l’aide d’un indice manuel et ainsi faciliter la perception de la parole (Hage & Leybaert, 2006). Ce système permet d’améliorer le traitement auditif chez les enfants porteurs d’appareils auditifs (Périer et al., 1990, Leybaert et al., 2010) et soutient la construction de représentations phonologiques stables (Charlier & Leybaert, 2000).L’implant cochléaire est un dispositif de remédiation qui facilite l’accès aux sons de la parole. Cependant, l'information auditive transmise reste dégradée (Colin et al., 2017) et deux tiers des enfants implantés présentent des troubles du langage persistants à l'âge de 4;6 ans (Geers et al., 2015).Quelques études récentes suggèrent que la LfPC pourrait améliorer la perception et la production de parole des enfants implantés (Bayard et al., 2019). En particulier, l’utilisation de la LfPC améliore l’intelligibilité de la parole ainsi que la production de phrases (Hage & Leybaert, 2006).Le but de notre étude est (1) d’évaluer les capacités phonologiques de l’enfant implanté et (2) d’observer l’impact de la LfPC sur le développement de ces compétences.Nous utilisons la batterie de tests EULALIES (Meloni et al., 2017) qui propose 5 tâches : Dénomination, Répétition de Pseudomots, Diadochocinésies, Répétition de Syllabes et Jugement de Lexicalité. Cette batterie est conçue pour évaluer l'influence de différents facteurs sur la sensibilité phonologique : le nombre de syllabes, la structure syllabique et les traits phonologiques (voisement, nasalité, etc.). En plus de ces facteurs, nous souhaitons évaluer l’influence de l'âge d'implantation, l’impact de l'implantation bilatérale et le rôle de l'âge chronologique.Actuellement, nous avons interrogé 60 enfants entendants (NH) et 22 enfants implantés avec LfPC (CIcs), de 3 à 11 ans. Les résultats préliminaires nous permettent d’identifier les difficultés spécifiques des enfants CIcs : le pourcentage de consonnes correctes (PCC) en Dénomination et Répétition de Pseudomots est plus élevé chez les NH que chez les CIcs. Par contre, on trouve peu ou pas de différences sur le PCC en Répétition de Syllabes et les scores de Diadococinésies et de Jugement de Lexicalité. Les scores s’améliorent avec l’âge pour les deux groupes, ce qui atteste de la sensibilité du test.Les données d’un groupe d’enfants implantés sans LfPC sont récoltées actuellement. Elles nous permettront de comparer les scores des deux groupes d’implantés afin d’évaluer l’impact de la LfPC sur le développement des compétences phonologiques chez l’enfant sourd