Se faire élire au village : rapports sociaux et territoriaux dans les mairies de moins de 1000 habitant∙e∙s

On March the 30th 2014, 524,146 people were elected into 36 681 different town councils in France. In the case of these specific town elections, voters in towns with less than 1,000 inhabitants can mix up the different list of candidates by crossing out or adding names. To get elected in those small towns, a succession of steps exists, from defining the architecture of the list of candidates to the modalities the way the town council will work. By meeting these elected representatives, I study the cycle of a town mandate and the elected representatives who will make the mayor’s team. From interviews, observations and studies of family genealogies of these representatives, I can relate the elements that connect the attribution of each representative roles and places : gender and territorial roots proved to be central in social relations. To form a team of elected representatives with enough diversity, the heads of the list must deal with the places of residence, the gender, the age and the profession of their running mate. Nevertheless, the town council remains dominated by mens and "old families" of the town; the classical social order is little challenged. On the other side, elected representatives hang on the fact, and wish, to recreate or maintain an idealized image of their small town. This posture, sometimes it is even a strategy, is strengthened by the weight of the conurbation. To compensate the global decrease of the missions assigned to towns for the benefit of the conurbations, the group of elected representatives focuses on the embellishment of their town and the preservation of a local heritage that results from an idealized image of that town and its countryside.Le 30 mars 2014, 524 146 personnes sont élues au sein d’un conseil municipal dans 36 681 communes en France. Pour les élections municipales, les électeurs des communes inférieures à 1000 habitant∙e∙s ont la possibilité de panacher la liste des candidat∙e∙s en rayant ou en ajoutant des noms. Pour se faire élire dans les petites communes, une succession d’étapes s’enchaine, de l’architecture de la liste jusqu’au fonctionnement du conseil municipal. En allant à la rencontre de ces élu∙e∙s, j’étudie le cycle mayoral de la mairie et les élu∙e∙s qui composent l’équipe mayorale. A partir d’entretiens, d’observations et de généalogies de familles, je retrace les éléments qui s’entrecroisent dans l’attribution des rôles et des places de chacun : le genre et l’ancrage territorial s'avèrent centraux dans les rapports sociaux. Pour constituer une équipe municipale plurielle, les têtes de liste doivent composer avec les lieux d’habitation, le genre, l’âge et la profession de leurs colistiers. Pourtant le conseil municipal reste dominé par les hommes et les "grandes familles" du village ; l’ordre social est peu remis en cause. Au contraire, les élu∙e∙s s’accrochent et souhaitent recréer ou maintenir une image idéalisée du village rural. Cette posture, voire cette stratégie, est renforcée par le poids des communautés de communes. Pour compenser la diminution des missions attribuées à la commune au profit de la communauté de communes, le groupe mayoral se concentre sur l’embellissement du village et la conservation du patrimoine local issue d’une représentation de la ruralité idéalisée