Écrire et exister selon Derrida et Marguerite Duras

Starting from the desire to deconstruct the conceptual dichotomies of the metaphysical tradition (all focused on the notion of presence), Derrida came to elaborate a theory of writing that would make it possible to say what cannot be said, to think what lies beyond what can be thought by a classical ontology. For Derrida, questions about writing are intrinsic to questions about being. More than a simple act of existence, we had to ask how, for Derrida, writing is to exist. Derrida's theory of writing as "différance" should thus enable the philosopher to account for the paradoxical dynamic that underlies meaning (and hence being) in general, namely its capacity to be constantly deferred. And it is precisely this conception of meaning and its capacity to differ that allows us to confront Derridian theory of "différance" and Durassian literature in the same reflection. Marguerite Duras's writing is itself part of a desire to differentiate meaning, and as with Derrida, it is mainly around the notion of presence that the reflection unfolds. Derrida and Marguerite Duras undertake to deconstruct our perception of things, attempting to express the lack of fixity of meaning and of being in general. For both Derrida and Duras, writing is part of an existential dimension, and that is why, while preserving the originality of each of their conceptions, it is relevant to look at the similarities and divergences between these two conceptions of writing.Partant de la volonté de déconstruire les dichotomies conceptuelles de la tradition métaphysique (toutes axées autour de la notion de présence), Derrida en arrive à élaborer une théorie de l’écriture qui permettrait de dire ce qui ne peut pas être dit, de venir penser ce qui se trouve au-delà de ce qui est pensable par une ontologie classique. Chez Derrida, les questionnements sur l’écriture sont intrinsèques aux questionnements sur l’être. Plus qu’un simple acte d’existence, il a fallu se demander en quoi, pour Derrida, écrire c’est exister. La théorie derridienne de l’écriture comme « différance » doit ainsi permettre au philosophe de rendre compte de la dynamique paradoxale qui sous-tend le sens (et en cela l’être) en général, à savoir sa capacité à se différer sans cesse. Or, c’est justement cette conception du sens et de sa capacité de se différer qui permet de confronter, ici, dans une même réflexion, la théorie derridienne de la « différance » et la littérature durassienne. L’écriture de Marguerite Duras s’inscrit elle-même dans une volonté de différenciation du sens, et comme chez Derrida, c’est principalement autour de la notion de présence que se déploie la réflexion. Derrida et Marguerite Duras entreprennent la déconstruction de notre perception des choses, tentent d’exprimer l’absence de fixité du sens et de l’être en général. Pour l’un comme pour l’autre, l’écriture s’inscrit dans une dimension existentielle, et c’est pourquoi, tout en conservant l’originalité de chacune des conceptions, il est pertinent de s’intéresser aux similitudes et divergences entre ces deux conceptions de l’écriture