Les Images de l'industrie en France, peintures, dessins, estampes (1760-1870)

How did French artists perceive the workshops and factories of the first industrialization period ? From the heyday of production of printed calicos in the 1760s until 1870, even before the appearance of the often-studied phenomenon of factory smokestacks in Impressionist landscapes and before the honor bestowed on factory workers in artists’ salons of the Third Republic, the theme persisted, discrete but ever-present. More importantly, the artists interested in industrial themes did not dismiss them as culturally irrelevant. Several paintings and numerous drawings, etchings and lithographs reveal the landscapes and interiors of French industry as a many-faceted subject which calls for an interdisciplinary approach.Among the landscapes, a plethora of industrial sites perceived as architectural “curiosities” by artists of the Enlightenment as they roamed picturesque byways in their efforts to inventory the French territory. Some artists suggested a dialogue between industry and nature, sometimes inviting us to freely interpret the presence of new factories and their smokestacks. At the same time, several industrialists commissioned laudatory paintings – or more frequently, lithographs – of their establishments. Interior scenes, most often commissioned works, glorified spacious work areas and the prowess of tools and machinery as part of a narration understood today through studies in technical history. Man is not absent. Representations of workers as a group and of the workplace are dominant in the paintings of Rossetti as in those of François Bonhommé, until a later focus on the individual worker.Quels regards les artistes ont-ils portés, en France, sur les ateliers et les usines de la première industrialisation ? Depuis le « temps des indiennes » jusqu’à 1870, avant même l’épanouissement de la cheminée d’usine dans le paysage impressionniste et la reconnaissance de l’ouvrier d’industrie dans les Salons républicains, la thématique s’est développée, discrète mais toujours présente. Ceux qui s’en emparèrent ne désignèrent pas d’emblée l’industrie comme altérité culturelle. Plusieurs toiles, de nombreux dessins, eaux-fortes et lithographies montrent de l’industrie française – ses paysages, l’intérieur de ses ateliers – un visage bigarré qui invite au dialogue pluridisciplinaire.De l’extérieur, les architectures variées de la production sont autant de « curiosités » croisées sur les chemins pittoresques. Elles sont révélées, depuis les Lumières, par l’effort de description du territoire. Quelques artistes suggérèrent la possibilité d’un dialogue entre l’industrie et la nature, autorisant parfois un regard libre et interrogateur sur les nouveaux artéfacts, hautes installations et cheminées fumantes. Ce faisant, quelques entrepreneurs commandèrent le « portrait » de leur établissement, et la lithographie devint le support élogieux de la vue d’usine. A l’intérieur, le plus souvent sur commande, quelques artistes chantèrent la grandeur des espaces, la maîtrise de l’instrument de production, des outils, des machines, dans une narration aujourd’hui décryptée par l’histoire des techniques et l’histoire des formes de la représentation. Les hommes ne sont pas absents. C’est d’abord le groupe et l’espace de production qui dominent, dans l’œuvre d’un Rossetti comme dans celle de François Bonhommé, avant la singularisation tardive de l’ouvrier grandeur nature