Les ateliers de la domination scolaire

Loisirs dirigés sous le Front populaire, 10% pédagogiques dans les années 1970, Travaux personnels encadrés (TPE) dans les années 2000, grand oral en 2021… Même s’ils restent minoritaires dans les emplois du temps, les dispositifs « par projets » qui se développent en marge des cours disciplinaires constituent une évolution structurelle des curricula scolaires. Certains y voient la possibilité de former à l’autonomie, de préparer à l’enseignement supérieur ou au monde du travail ; d’autres y voient un moyen d’ouvrir l’école sur des thématiques quotidiennes, d’enseigner « autrement » ou de lutter contre les difficultés scolaires.Mais au-delà des convictions de chacun, on mesure peu les effets scolaires et sociaux de ces dispositifs. Réduisent-ils les inégalités en termes de notes ? En termes d’apprentissages ? En invitant les élèves à importer leurs loisirs, leurs références culturelles, l’école participe-t-elle à l’émancipation scolaire ou au contraire impose-t-elle une lecture scolaire de la vie quotidienne des élèves et de leurs centres d’intérêts ? Quels rôles les enseignants jouent-ils dans ce processus ?En articulant l’histoire de ces dispositifs, leur mise en œuvre dans les établissements scolaires et le travail quotidien des élèves et des enseignants, l’ouvrage montre le caractère très ambivalent des injonctions contemporaines à l’originalité, à l’autonomie ou à la critique. Il montre comment ces exigences, dès lors qu’elles sont peu cadrées par les savoirs scolaires, peuvent paradoxalement nourrir les formes contemporaines de distinction culturelle et de domination scolaire qu’elles sont censées amoindrir