Nature du code phonologique en lecture chez les personnes entendantes et chez les personnes sourdes : de la syllabe aux traits phonétiques

Ce texte est un rapport de fin de recherche issu de de l'ACI cognitique.L'objectif principal de cette recherche est de mieux comprendre la nature du code phonologique participant à la reconnaissance de mot écrit, les unités qu'il implique et ses particularités chez les personnes entendantes et sourdes. Une première série de 8 expériences (amorçage et masquage) nous conduit à décrire ce code phonologique en termes de traits phonétiques chez les entendants : ils sont sensibles à des ressemblances de traits phonétiques entre phonèmes successifs. Nous décrivons des mécanismes cognitifs susceptibles d'expliquer comment de telles unités interviennent en lecture, et mettons en évidence une spécialisation hémisphérique cérébrale droite pour le traitement du voisement et gauche celui du mode d'articulation. Nous avons également mis au point et évalué un test de la dominance hémisphérique dans l'extraction auditive de la fréquence fondamentale de sons complexes harmoniques (prototypes de sons voisés de la parole). Les interactions entre traitements phonologiques et lexicaux ont ensuite été étudiées, reliant les données d'une expérience de détection de lettre à des modèles actuels de lecture (notamment le Modèle en Cascade de la Double Voie et le Modèle interactif de la Résonance). Une série d'expériences montre qu'un autre aspect phonétique (les rapports de sonorité entre segments) joue aussi un rôle dans les traitements précoces en lecture, de manière différente en anglais et en français. Des expériences réalisées auprès d'entendants et de sourds révèlent que les deux groupes sont sensibles à la lisibilité labiale des mots traités à l'écrit, confirmant la nature en partie visuo-articulatoire du code phonologique. D'autres expériences montrent aussi que la surdité n'entrave pas totalement le développement de compétences phonologiques, en particulier chez les enfants sourds pratiquant le LPC. Enfin, il apparaît que les unités syllabiques jouent un rôle crucial dans le traitement des mots écrits chez les enfants sourds