Le monde de l'hébergement social à l'épreuve de la Réduction des Risques : enquête sur les consommations de drogues en CHRS

Harm Reduction of drug use appeared in France in the 80's to minimize the HIV spread among injection drug users. This philosophy of intervention was a paradigm shift: the goal was to learn how to "live with the drugs". However, Harm Reduction as a concept is directly opposed to the Prohibition Law of 31st December 1970 which is still applied today. In this context, it is not easy to put Harm Reduction into practice, even though it became the Public Health's national policy. How can Harm Reduction within France ensure effective services and facilities with a social and medical function support in social integration of drug users if those persons are practically excluded from accessing the majority of social help facilities just because of their drug use? This research focuses mostly on the "world" of social housing. Therefore, the author, a social worker in Harm Reduction services, has conducted research in several housing facilities on how various professionnals and drug users feel about Harm Reduction practice within the prohibitionnist concept. How can professionnals put Harm Reduction into practice even though drug use is illegal and not allowed in social housing facilities? Is it even acceptable? Concerning drug users, how do they feel about their drug use in the context og social housing? And how do they perceive the help that could be offered to them on the subject of substance use? How can Harm Reduction strategy participate in the building of "social cohesion" in the social housing context? The Harm Reduction intervention model poses questions, with a certain radicalism, that are central in social health policies.La Réduction des Risques liés à l'usage de drogues (RdR) est apparue en France dans les années 1980, l'objectif étant de limiter les ravages de l'épidémie de sida chez les consommateur.rices utilisant la voir intraveineuse. Cette philosophie d'intervention était porteuse d'un nouveau paradigme : il s'agissait d'apprendre à « vivre avec les drogues ». pourtant, la RdR entre en contradiction avec la loi de prohibition du 31 décembre 1970 - toujours en vigueur. Dans ce contexte, la RdR reste complexe à mettre en oeuvre, bien qu'elle soit devenue en 2004 une politique nationale de santé publique. Comment les CAARUD, établissements médicaux sociaux dédiés à la RdR, peuvent-ils soutenir l'insertion sociale des usager.ères, alors même que ces dernier.ères se voient quasiment interdire l'accès aux dispositifs existants du simple fait de leurs consommations ? Cette recherche s'intéresse en particulier au « monde » de l'hébergement social. Ainsi, l'auteur, lui-même praticien au sein d'un CAARUD, a t-il enquêté dans plusieurs CHRS, en étudiant la manière dont les différent.es acteur.rices concerné.es, professionnel.les et usagers, éprouvent la logique de RdR en contexte prohibitionniste. Comment les professionnel.es s'en saisissent-ils.elles ? Quelles sont les pratiques d'accompagnement mises en oeuvre au nom de la RdR ? S'agit-il en définitive d'une pratique acceptable ? Quant aux usager.ères, comment vivent-ils.elles leurs consommations dans le cadre de l'hébergement et comment aperçoivent-il.elles qui leur est apportée à ce niveau ? À quelle condition la RdR participe t-elle finalement au « vivre ensemble » ? Envisagée comme modèle d'intervention, la RdR pose, avec une certaine radicalité, des question qui sont aujourd'hui centrales dans les politiques sociales et sanitaires