Notre environnement influence nos compétences spatiales

International audienceLà où nous grandissons nous définit de plusieurs façon : par notre langage, nos activités, nos rencontres. Dans cette étude, nous démontrons que notre environnement d'enfance influence également notre capacité à nous repérer dans l'espace à l'âge adulte. Nous avons développé Sea Hero Quest, un jeu vidéo de navigation spatiale pour téléphones et tablettes, qui nous a permis de quantifier les stratégies d'orientation spatiale de 3.9 millions de joueurs de tous les pays du monde. Les performances à ce jeu sont prédictives des performances spatiales dans le monde réel, et non pas le simple reflet des compétences en jeux vidéo. Nous avons tout d'abord montré que les joueurs ayant grandi en ville ont en moyenne un moins bon sens de l'orientation que ceux ayant grandi en dehors des villes, indépendamment de leur âge, genre, ou niveau d'éducation. Mais l'ampleur de cette différence varie significativement d'un pays à l'autre. Dans certains pays comme les USA, l'Argentine ou le Canada, vivre dans une ville est vraiment préjudiciable, alors qu'en France, en Roumanie ou en Inde, il n'y a pas de différence significative entre ville et campagne. Les pays où les différences sont les plus fortes comportent davantage de villes avec un plan quadrillé, comme Chicago, Buenos Aires ou Toronto. Et de fait, il est plus simple de s'orienter dans ces villes que dans les rues plus complexes de Paris, Prague ou New Delhi. En grandissant dans une ville quadrillée, on exerce moins son sens de l'orientation qu'en grandissant à la campagne, où les réseaux de routes sont moins organisés et les distances à parcourir plus importantes, et ça se ressent à l'âge adulte. A l'inverse, les personnes ayant grandi sur un plan quadrillé ont de meilleurs résultats dans les niveaux de Sea Hero Quest également quadrillés : nos stratégies d'orientation spatiale sont adaptées à notre environnement d'enfance