Spiritualités critiques

MasterL’objectif de ce cours est de proposer le concept de spiritualité critique et de présenter son utilité pour penser une rupture créatrice politique. Nous commencerons par nous demander : pourquoi faire de la spiritualité un objet d’étude ? En l’occurrence, elle pourrait être considérée comme une simple curiosité « à la mode » et comme un sujet scientifiquement mal délimité. Nous considérons qu’il est au contraire nécessaire d’examiner l’actualité et la protéiformité de cette réalité humaine. En particulier, dans ce cours, nous nous appuierons sur la psychologie existentielle qui propose de l’interpréter comme un symptôme d’une crise structurelle du sens causée par « l’émergence d’un consumérisme de masse et d’un marché du travail dérégulé » (Bernaud, 2018, p. 15) et d’étudier son impact sur différents domaines de vie. A la suite de cela, nous présenterons différentes définitions et typologies de la spiritualité (Arias Zapata, 2021) pour, entre autres, distinguer spiritualité et religion (Bréchon, 2021 ; Roussiau & Renard, 2021). Nous entrerons ensuite dans le terrain du politique en présentant le paradigme de théorie critique, une théorie qui vise principalement à contribuer à l’émancipation des êtres humains (Horkheimer, 1974), et son fondement : refus d’une croyance en une neutralité axiologique vue comme une instrumentalisation en faveur d’un statu quo. En outre, nous illustrerons notre propos par une analyse critique de la spiritualité au travail. Finalement, nous proposerons le concept de spiritualité critique en tant que famille de pensées spirituelles et critiques dont sont issues des pratiques politiques de rupture et créatrice d’alternatives. Nous la présenterons à travers plusieurs exemples : la spiritualité écoféministe (Santamaría Dávila et al., 2018) et la théologie de la libération (Watkins & Shulman, 2008)