Le tourisme des Vietnamiens de l'étranger au Việt Nam ou l'ébauche d'une nouvelle construction nationale ?

International audienceIn 2003, 350 000 Overseas-Vietnamese were registered as tourists in Vietnam. The purpose of this article is to show that they constitute a specific type of tourist within the range of tourist flows, to the extent that they both partake of what is generally regarded as the foreign and the familiar. This particular position specifies them not only as tourists (notably in their handling of otherness and in their construction of a hybrid touristic knowledge) but also as investors in the tourism sector, where they can take advantage of their double belonging to the Vietnamese and the newly-acquired cultures. Besides these tourists are far from insignificant in the eyes of the Vietnamese authorities. Before the renewal policies (Doi Moi) that were launched in 1986, Vietnam—still entrenched in its Communist past—didn't always convey a positive image of the Overseas-Vietnamese to its own citizens. Today, economic pragmatism and the urge to fit in the international community make their visits essential to the development of the country. Estimated at 3.4 million people in 2004 by the Ho Chi Minh City committee of Vietnamese living abroad, they are considered as a precious economic and intellectual potential and, furthermore, as actors in their own right for the construction of the Vietnamese Nation. The tourism of Overseas-Vietnamese can precisely help us understand how the Vietnamese authorities have indeed tackled this prickly issue.En 2003, 350 000 Vietnamiens d'Outre-mer ont été recensés comme touristes au Vietnam. Nous allons ici tenter de démontrer que ces touristes sont spécifiques au sein des flux touristiques qu'enregistre(nt) chaque année le pays, parce qu'ils sont à la jonction entre l'étranger et le familier. Cette position particulière les spécifie non seulement en tant que touristes (notamment dans leur gestion de l'altérité et la construction d'un savoir touristique hybride), mais aussi en tant qu'investisseur dans ce secteur, où ils peuvent jouer de leur double appartenance. Ces touristes sont également loin d'être anodins pour les autorités vietnamiennes. En effet, avant la politique de renouveau (Doi Moi) initiée en 1986, le Vietnam, replié sur le camp communiste, ne véhiculait pas toujours une image très positive de ces individus. Aujourd'hui, le pragmatisme économique et le désir d'intégration à la scène internationale rendent leur venue essentielle au développement du pays. Evalués à 3,4 millions d'individus à travers le monde en 2004 par le Comité des Vietnamiens résidant à l'étranger de Ho Chi Minh Ville, ils sont en effet perçus à juste titre comme porteur d'un précieux potentiel économique et intellectuel et surtout comme acteur à part entière de la construction de la Nation vietnamienne. Le tourisme des Vietnamiens d'Outre-mer peut justement nous aider à comprendre comment ce virage délicat a été négocié par les autorités vietnamiennes