Ressenti des médecins généralistes sur leur pratique des médecines alternatives et complémentaires

Contexte : les médecines alternatives et complémentaires (MACs) sont une entité de soin ayant pour point commun de ne pas être reconnues sur le plan scientifique par la médecine conventionnelle (MC). Elles sont pourtant de plus en plus utilisées par les patients, et cela dans un contexte où la médecine conventionnelle en France est questionnée de toutes parts : pandémie mondiale, crise de l’hôpital public, santé des soignants… Certains médecins généralistes pratiquent les MACs pour leurs patients. Cette thèse cherche à explorer le ressenti de ces médecins généralistes sur leur pratique des MACs.Méthode : il s’agit d’une étude qualitative inspirée de la phénoménologie interprétative. Le recueil des données s’est fait par entretiens semi-dirigés en présentiel, par téléphone ou en visioconférence. L’échantillonnage a été raisonné sur les caractéristiques des professionnels et leur pratique. L’ensemble des personnes interrogées étaient médecins généralistes et titulaires d’un diplôme en MACs. Le codage de chaque entretien a été fait individuellement puis mis en commun pour trianguler les données. Résultats : dix entretiens de 39 minutes en moyenne ont été réalisés de janvier à août 2023. Les médecins décrivaient les éléments de motivation à leur formation en MACs dont l’origine était une confrontation aux limites de la MC. De là trois groupes de médecins ont été identifiés : ceux qui après la formation se sont orientés vers une pratique exclusive de MACs, ceux qui ont maintenu une pratique mixte et ceux qui ont arrêté la pratique des MACs. Ces groupes se distinguent par leur vécu de la pratique du soin et des stratégies mises en place par les différentes personnes interrogées.Discussion : le ressenti par rapport à la pratique des MACs semblait découler directement de la gestion de la condition inhérente au médecin généraliste : le sentiment d’incertitude. Leur rapport à l’Evidence Bases Medecine (EBM) était questionné et les médecins exprimaient des doutes quant à la pertinence du modèle tel qu’il est perçu en France. Enfin, il y avait une recherche sur les concepts nécessaires au « prendre soin » des patients