Pratiques funéraires, paramètres biologiques et identités culturelles au Natoufien : une analyse archéo-anthropologique

At the end of the Levantine Epipalaeolithic, during the Natufian period (13 000-9 500 BC, calibrated), some hunter-gatherer populations had adopted a sedentary way of life. With the first permanent settlements, a new organisation of the dwelling area emerged, into which the dead were integrated. In this work, Natufian human remains are thoroughly examined, to improve our knowledge of their biological features and to determine how representative this available sample is, compared to the whole population. Burial practices have been analysed, through unpublished field records and osteological data. The sites of Shukbah, El Wad, Kébara, Erq-el-Ahmar, NahalOren, Rakefet, Hayonim (cave and terrace) and Mallaha, where most Natufian skeletons (N = 358) were found, have been extensively studied. The minimum number of individuals, as well as age at death and determination of sex, are reassessed. Although Natufians shared obvious biological affinities, a joint study of osteometric features, discrete traits, and the frequency of enamel hypoplasia and dental caries in the different groups attests to contrasted living conditions. The comparative study of funerary customs, through the osteo-archeological reinterpretation of each grave, highlights local identities. Nevertheless, in all contexts, the simple or complex treatment given to the corpses was of crucial importance during the funeral. The joint analysis of cultural data and biological factors reveals strong interactions. Burial selection which was carried out according to age, sex or kinship, is part of that evidence. The study of all the factors involved throughout the three thousand years that preceded the Neolithic shows significant changes. It is likely that part of this evolution is connected with climatic fluctuations and social changes.A la fin de l'Epipaléolithique Levantin, durant la culture natoufienne (13 000-9 500 av. J. -C. , datations calibrées), certaines communautés de chasseurs-cueilleurs se sédentarisent. La nouvelle organisation de l'espace habité intègre la population des défunts. Nous avons repris l'étude des restes humains natoufiens afin d'approfondir les connaissances relatives à leurs caractéristiques biologiques, de définir leur représentativité par rapport à la population globale et de discuter des pratiques funéraires. Les sites de Shukbah, El Wad, Kébara, Erq-el-Ahmar, Nahal-Oren, Rakefet, Hayonim (grotte et terrasse) et Mallaha, où l'essentiel des squelettes natoufiens ont été découverts (N=358), font l'objet de cette analyse. Nous proposons une révision du dénombrement des individus ainsi que de l'estimation de l'âge et du sexe de chacun d'entre eux. Les caractéristiques ostéométriques, les variations anatomiques non-métriques, la fréquence des hypoplasies de l'émail dentaire et des caries, étudiées conjointement, donnent une image relativement contrastée des conditions de vie des groupes natoufiens qui partagent, toutefois, des affinités biologiques évidentes. La spécificité de chaque groupe est réaffirmée par la reconnaissances des gestes funéraires que nous avons pu préciser grâce à une interpréation ostéo-archéologique de chaque sépulture, à partir d'une documentation de terrain en partie inédite. L'analyse concomitante de données culturelles et des paramètres biologiques révèle certaines expressions de leur influence réciproque. Celle-ci concerne, notamment, la sélection des inhumés, en fonction de l'a^ge, du sexe ou de la parenté. L'évolution des différents paramètres étudiés au cours des trois millénaires qui précédent l'avènement du Néolithique est significative et doit sans doute être mise en parallège avec les variations climatiques que connaît cette période et avec des changements d'ordre social