L'enseignement du français dans les collèges : à la recherche d'une pédagogie différenciée

Le texte qu'on lira ci-dessous a été rédigé en 1974 à la suite des journées d'étude de Gérardmer. On pourra s'interroger sur l'opportunité d'une telle publication quatre ans après, alors que des décisions importantes ont été prises sur les premiers cycles : suppression des filières et des classes de transition ; création de classes hétérogènes ; instauration du soutien à l'intérieur des classes hétérogènes pour les élèves en difficulté. Nous croyons cependant qu'il n'est pas inutile actuellement encore de porter ce texte à la connaissance d'un public plus vaste pour les raisons suivantes : 1) Historiquement, il convient de permettre une vue synthétique sur l'évolution des idées au sein des équipes de recherche, d'une part parce que cette évolution a précédé les décisions institutionnelles et d'autre part parce qu'elle permet de mieux comprendre les voies par lesquelles les attitudes des enseignants peuvent évoluer vers une meilleure individualisation de l'enseignement. La connaissance de cette évolution permet ainsi de mieux définir ce que devrait être une formation permanente orientée vers l'atteinte de cette individualisation. 2) Actuellement, la pédagogie de soutien reste quelque chose de mal défini, faute d'une conscience claire des obstacles à l'apprentissage et des conditions pédagogiques de leur résolution. La pédagogie différenciée n'est pas opposée à la pédagogie de soutien : en réalité, elle l'englobe et lui donne sa pleine signification. Tant que des progrès décisifs n'auront pas été faits pour mieux cerner les conditions et les stratégies de l'individualisation, la pédagogie de soutien restera un leurre pour les élèves les plus démunis et un sujet de découragement pour les professeurs.84 page