The concept of mental disorder

Au cours des quarante dernières années environ, de nombreuses tentatives ont été faites pour fournir une définition générale et utile de la notion de « trouble mental ». La plupart de ces tentatives s'appuient sur un principe méthodologique commun : elles se fondent sur l'analyse conceptuelle, qui, de manière très générale, vise à clarifier les usages d'un concept (emprunté aux usages ordinaires ou scientifiques) afin d'en avoir une meilleure compréhension. Dans la première partie de ce chapitre, nous attirons l'attention sur les présupposés philosophiques qui sous-tendent parfois l'analyse conceptuelle. Certains auteurs ont,e n effet, cherché à employer l'analyse conceptuelle de diverses façon et nous soutenons que certaines d'entre-elles sont dans l'erreur. La recherche philosophique s'est avérée importante dans le contexte de la psychiatrie, car l'un des principaux problèmes concernant les classifications des troubles mentaux porte sur la question de savoir ce qui doit être considéré comme tel (l'un des exemples historiques les plus marquant étant celui de l'homosexualité). Comment de telles décisions sont-elles prises et comment devraient-elles l'être ? De quelle autorité décide-t-on de ce qui tombe sous la catégorie de trouble mental et selon quels critères ? Dans quelle mesure la philosophie du langage peut-elle apporter des solutions à ces questions ? La seconde partie de ce chapitre examine plus spécifiquement l'histoire des tentatives, au cours des quarante dernières années, d'application de l'analyse conceptuelle à la notion de trouble mental. Nous montrons en quoi les résultats de l'analyse conceptuelle (comprise comme une méthode qui prétend « analyser » de manière objective les principaux composants d'un concept) a pu conduire à des résultats radicalement différents selon le contexte historique, économique et politique dans lequel les auteurs écrivaient