Le Lobby Européen des Femmes : outils de démocratisation et instrument de légitimation de l'Union européenne

Cette contribution se demande dans quelle mesure le Lobby Européen des Femmes (LEF), ONG féministe créée le 22 septembre 1990, est à la fois un outil de participation des femmes à la construction européenne et un instrument de justification de cette construction élitiste auprès de ses électrices. Ce lobby est en fait créé dans ces deux objectifs, par des féministes souhaitant impliquer les femmes dans la construction européenne mais dont l’idée de « forum européen des femmes » n’a pu voir le jour qu’avec l’aide financière d’une Commission européenne en plein processus de prise en compte les questions d’égalité hommes-femmes d’autolégitimation auprès des citoyens. En analysant ce processus de création du LEF, ce chapitre permette penser le lien entre l’UE et le lobby comme un circuit dans lequel la notion de représentativité est centrale : l’UE finance le LEF sur un critère de représentativité des femmes d’Europe et le LEF légitime en échange l’UE en la démocratisant c’est-à-dire en faisant participer les citoyennes qu’il représente à la construction européenne. Mais ce circuit ne fonctionne qu’en supposant que le LEF est vraiment représentatif des associations de femmes et qu’il permet donc aux féministes de sa base militante de connaître et de s’impliquer dans la construction européenne. Or si le lobby est ambitieux et tente d’ouvrir au maximum ses adhésions à tous les groupes de femmes prenant de plus en plus en compte les minorités, il échoue à remplir complétement son objectif normatif de légitimation et de démocratisation de l’UE. Et s’il parvient malgré sa structure complexe et lourde à prendre des positions sur des sujets litigieux, il est difficile pour un tel lobby de s’émanciper de la vision opaque et élitiste prêtée à ses fondatrices