Faire le bien d’autrui malgré lui ? Revisiter l’autonomie en psychiatrie et en santé mentale

Les mondes de la santé mentale constituent d’excellents analyseurs pour comprendre la place prise par la notion d’autonomie et les tensions que cette catégorie génère. Dans cette communication, je montrerai comment un nouveau langage s’est installé (patient-acteur, rétablissement, handicap psychique,…) et comment celui-ci révèle que les dispositifs de santé mentale sont pensés pour réparer l’autonomie de personnes afin qu’elles (re)deviennent des partenaires de la vie sociale. Je m’arrêterai en particulier sur une notion qui fait aujourd’hui florès tant dans les textes juridiques que dans le quotidien des institutions : le « projet » de soin ou de vie que chaque personne est censé nourrir. Ses usages sont révélateurs de la façon dont nous nous représentons aujourd’hui ce qu’est une forme d’intervention sur autrui acceptable (l’accompagnement) ou inacceptable (la contrainte). Mais les difficultés que cet outil génère très concrètement dans les trajets de soin permettent de mettre également en lumière les exigences parfois fortes qu’engage nos représentations d’une personne toujours capable d’un peu plus d’autonomie. Je conclurai en insistant sur l’intérêt d’une perspective sociologique sur l’autonomie qui permet d’appréhender cette notion à la fois comme une norme, une valeur et une attente, qui nous tient autant qu’on y tient