L’aide aux Etats fragiles, une fragilisation du lien entre sécurité et développement ?

Les années 1990 voient coexister deux réflexions parallèles dans les forums internationaux d’aide au développement. La première se concentre sur l’aide au développement comme outil de prévention des conflits, et aboutit notamment à la publication, dans les documents produits par le CAD de l’OCDE, des lignes directrices sur la prévention des conflits violents (2001) et sur la gouvernanceet la réforme des systèmes de sécurité (2005). La seconde s’intéresse davantage à l’enjeu de l’efficacité de l’aide au développement dans une optique de redevabilité des dépenses publiques, et se voit consacrée par les forums de haut niveau de Rome (2003) et Paris (2005). L’adoption d’un agenda international de l’aide destinée aux Etats fragiles d’abord (2005), visant les situations de fragilité ensuite (2008), s’est notamment caractérisée par une tentative de rassemblement de ces deux réflexions. Aujourd’hui, cependant, plusieurs indices laissent penser que l’efficacité de l’aide a pris le pas sur la prévention des conflits dans le consensus international sur l’aide, et que l’on assisterait dès lors, au nom de la valeur de performance, à une dissolution progressive de la sécurité au sein de l'ancien nexus Sécurité-Développement. La communication se propose d’analyser les conséquences politiques de ce virage présenté comme exclusivement technique dans le paysage de l’aide au développement