Étude pharmaco-épidémiologique de l'impact de l'épidémie de COVID-19 sur les traitements cardiovasculaires

Since January 2020, the COVID-19 pandemic has led to unprecedented epidemic control measures and major lifestyle changes worldwide to cope with successive waves of the pandemic. Daily monitoring of the pandemic's spread and the effectiveness of its control has made it possible to assess its direct consequences on health in terms of infections, hospitalisations, deaths and, in the longer term, its impact on life expectancy. Questions have emerged concerning other impacts of the epidemic. For example, a significant drop in the number of hospitalizations for cardiovascular accidents was quickly observed during the most stringent periods of mobility restrictions. This led to fears of reduced access to care due to these restrictions or the embolisation of the health system by the epidemic itself. Subsequently, published studies have shown that the health consequences of the pandemic far exceeded the daily case counts. In the case of cardiovascular diseases, one of the main fears about the impact of the pandemic is a delay in treatment or a loss of continuity of care for patients already being treated. In these diseases, for which treatment plays an essential preventive role, the optimisation and continuity of treatment are decisive in terms of the risk of events occurring. In this context, we wanted to assess the impact of the pandemic on cardiovascular preventive drug treatments in France and to estimate the health consequences. We used data from the French National Health Data System (SNDS). In a first study, we investigated the potential quantitative impact of the epidemic and associated measures on cardiovascular treatments by means of interrupted time series analyses. We found an initial massive stockpiling of these treatments immediately preceding the first lockdown. Subsequently, we observed a decrease in the use of these drugs compared to what was expected during the first lockdown, before a return to a usual level in the months that followed. Furthermore, an increase in treatment interruptions was observed from the first weeks of the epidemic, in parallel with a very significant decrease in treatment initiations, regardless of the pharmacological class. In a second study, we investigated the potential qualitative impact of the epidemic and associated measures on cardiovascular treatments, again using interrupted time series. For this purpose, we looked at treatment interruptions for antihypertensive drugs and found reassuring results. Despite an excess in the number of interruptions of antihypertensive drugs, the COVID-19 epidemic seems to have had no significant impact on the frequency of resumption or change of treatment after an interruption, nor on the time between the interruption and the resumption of treatment after it. Furthermore, the characteristics of the population that interrupted during the epidemic did not appear to differ from those of the population that interrupted before the epidemic, in a normal context of management and access to care. These results were reassuring regarding the potential impact that the COVID-19 epidemic and associated measures might have had on cardiovascular health via their consequences on drug therapy, which was investigated in the third study conducted in this thesis, in which we looked for a modification of the effect of antihypertensive drug interruptions related to the COVID-19 epidemic and associated measures in a cohort study.Depuis janvier 2020, la pandémie de COVID-19 a entraîné dans le monde entier la mise en place de mesures de contrôle épidémiques inédites et d’importantes modifications du mode de vie dictées par la nécessité de faire face aux vagues successives de la pandémie. Le suivi quotidien de l'expansion de la pandémie et de l'efficacité de son contrôle a permis d'évaluer ses conséquences directes sur la santé en termes d'infections, d'hospitalisations, de décès, et à plus long terme d’impact sur l’espérance de vie. Des interrogations ont émergé concernant d’autres impacts de l’épidémie. Ainsi rapidement, une baisse importante du nombre d’hospitalisations pour accidents cardiovasculaires a été constatée pendant les périodes les plus strictes de restriction de la mobilité. Elle a fait craindre une diminution de l’accès aux soins liée à ces restrictions ou à l’embolisation du système de santé par l’épidémie elle-même. Des études publiées ont ensuite démontré que les conséquences sanitaires de la pandémie dépassaient largement les cas décomptés quotidiennement. S’agissant des maladies cardiovasculaires, une des principales craintes concernant l’impact de la pandémie porte sur un retard de prise en charge ou sur une perte de la continuité des soins pour les patients déjà traités. Dans ces maladies pour lesquelles les traitements jouent un rôle préventif essentiel, l'optimisation et la permanence du traitement sont déterminantes en termes de risque de survenue d’événements. Dans ce contexte, nous avons souhaité évaluer l'impact de la pandémie sur les traitements médicamenteux de prévention cardiovasculaire en France et avons cherché à en estimer les conséquences sanitaires. Nous avons ainsi utilisé les données issues du Système National des Données de Santé (SNDS). Dans une première étude, nous avons étudié à l’aide d’analyses de séries chronologiques interrompues l’impact quantitatif potentiel de l’épidémie et des mesures associés sur les traitements cardiovasculaires. Nous avons ainsi mis en évidence un phénomène initial massif de stockage pour ces traitements précédant immédiatement le premier confinement. Par la suite, nous avons observé une diminution de l’utilisation de ces médicaments comparativement à l’attendu durant le premier confinement, avant un retour à un niveau habituel au cours des mois qui ont suivi. Par ailleurs, une augmentation des interruptions de traitement a été observée dès les premières semaines de l’épidémie, parallèlement à une baisse très importante des initiations de traitements, et ce quelle que soit la classe pharmacologique. Dans une seconde étude, nous avons étudié, toujours à l’aide de séries chronologiques interrompues, l’impact qualitatif potentiel de l’épidémie et des mesures associés sur les traitements cardiovasculaires. Nous nous sommes pour cela intéressé aux interruptions de traitement concernant les médicaments antihypertenseurs et avons retrouvé des résultats rassurants. Malgré un excès du nombre d’interruptions d’antihypertenseurs, l’épidémie de COVID-19 semble n’avoir eu aucun impact significatif ni sur la fréquence de reprise ou de changement de traitement après une interruption, ni sur le délai entre l'interruption et la reprise du traitement après celle-ci. Les caractéristiques de la population ayant présenté des interruptions pendant l’épidémie ne semblaient en outre pas différentes de celles de la population ayant présenté des interruptions avant celle-ci, dans un contexte normal de prise en charge et d’accès aux soins. Ces résultats étaient rassurants concernant l’impact potentiel que l’épidémie de COVID-19 et des mesures associées auraient pu avoir, via leurs conséquences sur les traitements médicamenteux, sur la santé cardiovasculaire, impact qui a été étudié dans la troisième étude menée dans cette thèse et dans lequel nous avons recherché, dans une étude de cohorte, une modification de l’effet des interruptions des antihypertenseurs liée à l’épidémie de COVID-19 (...)