Facteurs influençant l'utilisation des structures linéaires par les prédateurs du caribou boréal ainsi que son compétiteur apparent

En forêt boréale aménagée, l’exploitation forestière accroît constamment le niveau de perturbation anthropique dans l’écosystème forestier. Ces perturbations rajeunissent la matrice forestière entrainant une modification de la densité et de la distribution des communautés fauniques au détriment de certaines espèces. Entre autres, l’implantation de structures linéaires anthropiques dans le paysage est un facteur prépondérant du système prédateurs-proies affectant négativement le caribou en favorisant la réponse numérique et fonctionnelle de ses prédateurs. Notre objectif est d’expliquer par des facteurs locaux et du paysage comment l’utilisation de l’habitat du loup, de l’ours noir, du lynx ainsi que du compétiteur apparent du caribou, l’orignal, varie sur différentes structures linéaires naturelles et anthropiques avec l’aide de caméras de surveillance durant la période sans neige. Dans l'ouest du Québec, au Canada, le site faunique du caribou, au sud de Val-d'Or, abrite une population isolée en voie d'extinction qui nécessite une restauration active de son habitat. Dans ce site, une sélection aléatoire stratifiée de chemins forestiers gravelés (n = 33) et de chemins d’hiver (n = 28) ainsi que du milieu riverain (n = 19) a été faite pour comparer leurs caractéristiques ainsi que le nombre d’utilisations de ces espèces sur chacune d’entre elles. Pour les trois prédateurs, la différence du couvert latéral entre le milieu environnant et la structure linéaire explique principalement leur nombre d’utilisations durant la période sans neige. Pour le loup gris et le lynx du Canada, l'utilisation par leur proie respective (Orignal et le lièvre d'Amérique) affecte positivement leur nombre d’utilisations. Pour celui du loup gris, il est affecté positivement par la distance à un chemin de classe supérieure (classe 1 et 2) et négativement par la distance à la ville la plus près. Un pourcentage plus élevé d'habitats du lièvre semble augmenter légèrement le nombre d’utilisations du lynx. Essentiellement, les chemins forestiers gravelés présentent niveau d'utilisation plus élevé par toutes les espèces, mais c’est dû au couvert latéral moins élevé sur cette structure linéaire que dans son milieu environnant. Étant donné ce constat nous recommandons que les efforts de restauration liés aux démantèlements des chemins forestiers visent ceux dont les conditions de différences de couverture latérale sont favorables aux déplacements des espèces responsables du déclin du caribou