Arabesques narratives et textes-phénix : le voyage-feuilleton et son antidote

Le voyage-feuilleton romantique semble condamné à une sérialité figée, même quand il évoque une terre aussi « étrange » que l’Andalousie. Quoique souvent le récit semble suivre le rythme sinueux des arabesques qui parent les murs de l’Alhambra, puisqu’il ne disparaît jamais que pour réapparaître, ce principe est en quelque sorte aliéné par les impératifs éditoriaux. C’est ailleurs, donc, dans une autre sérialité, que les écrivains-voyageurs vont chercher leur salut poétique : cette sérialité salvatrice, c’est celle de la littérature-phénix, celle de l’hypertextualité, c’est cette sorte de méta-sérialité qui fait que les écrivains meurent, mais jamais l’écriture, que les voyageurs meurent, mais jamais le voyage, c’est cette sérialité qui fait que, pour paraphraser Proust (Contre Sainte-Beuve), chaque voyageur n’est qu’une épreuve un peu différente d’un même visage, du visage de ce grand voyageur qui au fond est un, depuis le commencement du monde. The romantic serial journey seems condemned to a fixed seriality, even when it evokes a land as "strange" as Andalusia. Although the narrative often seems to follow the sinuous rhythm of the arabesques that adorn the walls of the Alhambra, since it never disappears except to reappear, this principle is somehow alienated by the editorial imperatives. It is elsewhere, therefore, in another seriality, that the writers-travelers will look for their poetic salvation: this saving seriality, it is that of the literature-phenix, that of the hypertextuality, it is this kind of meta-seriality which makes that the writers die, but never the writing, that the travelers die, but never the travel, it is this seriality which makes that, to paraphrase Proust (Against Sainte-Beuve), each traveler is only a little different test of the same face, of the face of this great traveler who at the bottom is one, from the beginning of the world