Individualisme de repli sécuritaire ou d'ouverture affinitaire. La pluralité des ressorts du périurbain

Yannick Sencebé Individualism as a withdrawal into security or an openness to likeminded people The plurality of reasons why people move to periurban areas T his article looks at the diversity of forms of belonging and lifestyles of commuters from periurban areas. It questions the assumption that the growing individualism reflected in the development of and preference for single-family housing on the outskirts of towns is a question of space. The analysis is based on research conducted in the area surrounding Dijon, where surveys were carried out on city-dwellers who had moved to the countryside just outside the city, but also on people from rural areas who had found jobs and services in the neighbouring town. From the point of view of personal journeys, there is a contrast between the loop travelled by people from rural areas, who are drawn back to the village they came from, and the stepped journey of city-dwellers, who come to ownership of their homes in stages. Apart from the difference in where they come from, there is another distinction that concerns how they belong to where they live, reflected in their daily movements and social networks. Attachment is a feature of the most fragile households, and is expressed by a withdrawal into the home, the only secure place in an environment characterised by mobility and uncertainty. Anchorage is a feature of households that have acquired know-how concerning networks and mobility. These methods of belonging ultimately reflect different forms of individualism : the individualism of a withdrawal into security in the first case and the individualism of an openness to likeminded people in the second.Cet article traite de la diversité des formes d'appartenance et des modes de vie des navetteurs du périurbain. Il s'agit d'interroger le présupposé spatialiste d'un individualisme croissant que représenteraient le développement et la préférence pour l'habitat pavillonnaire périurbain. L'analyse s'appuie sur une recherche effectuée dans le périurbain dijonnais où ont été enquêtés des urbains venus chercher leurs logements à la campagne proche de la ville, mais aussi des ruraux ayant trouvé dans la ville d'à côté, emplois et services. Du point de vue des cheminements biographiques, on peut opposer l'itinéraire en boucle des ruraux que tout ramène au village d'origine à celui en escalier des urbains qui accèdent ainsi par étapes à la propriété. Au-delà des différences d'origine, une autre distinction concerne les formes d'appartenance marquant les cheminements quotidiens et les réseaux de sociabilités. L'attachement concerne les ménages les plus fragiles et se traduit par un repli sur la résidence, seul lieu de sécurité dans un environnement fait de mobilité et d'incertitude. L'ancrage caractérise les ménages qui ont acquis le savoir-faire en matière de réseaux et de mobilité. Ces modes d'appartenance renvoient au final à des formes d'individualisme différentes : l'individualisme de repli sécuritaire dans le premier cas et l'individualisme d'ouverture affinitaire dans le second.Sencébé Yannick. Individualisme de repli sécuritaire ou d'ouverture affinitaire. La pluralité des ressorts du périurbain. In: Les Annales de la recherche urbaine, N°102, 2007. Individualisme et production de l’urbain. pp. 58-67