Les migrants dans la ville. Lorient, Dunkerque

Migrants in the City. The ideas put forward in this article are the outcome of a survey, the detailed results of which can be found in the book entitled Entering the City, 1974, where an attempt is made to describe the way migrants of rural or urban background find their place in the foreign-seeming city they enter, and the modalities of their «insertion. » Lorient and Dunkirk were chosen because of the contrasting nature of the migratory currents that converge there. Generally speaking, the migrants do not break with their background ; the links are understood and carried out as a preparatory an eventual return. Migration is often understood and carried out as a preparatory step toward a further move. The success of the migrant's insertion into the city appears to vary considerably, depending on whether the move is the result of a choice or dictated by economic necessity. The way migrants take to city life is determined by a conservation strategy with respect to the past situation : rural migrants continue to live with their village, while interurban migrants do not, in general, maintain contact with their home-town. In the former case, there is an observable retreat into the family groupe, into attempts to restore the earlier situation so far as housing and women's work are concerned. At the same time, there is a tendency to prepare an early «escape » toward the countryside around the city. The social status of the migrants explains the substantial differences observed in their ways of Learning about city life and taking possession of the city. While rural migrants fit themselves into a complex urban and rural area, the «country» in the Lorient sense, cadres from another town grasp the city as a whole, and workers of urban background concentrate on and around the home. The survey also brought out the different roles of the wife, husband, children in the insertion process, the family constituting the central unit in the process of movement toward, and insertion in, the city. The article ends with a series of reflections, oriented toward future action, about the highly reversible character of rural people's insertion into the city environment and the provisional character of interurban migration, the relativity of the urbanists" pet notion of «centrality», the dynamics of urban sprawl and the recent success of individual-home developments in rural areas, the narrowness of the urbanists' concept of leisure-time facilities, which confuses chance social contacts with genuine social exchange.Les réflexions présentées dans cet article font suite à un travail d'enquête, dont les résultats détaillés figurent dans l'ouvrage l'Entrée dans la ville, 1974, où l'on cherchait à préciser la manière dont les migrants d'origine rurale ou d'origine urbaine se font une place dans la ville d'accueil qui leur est étrangère, et les modalités de leur «inscription ». Lorient et Dunkerque ont été choisies compte tenu des caractères contrastés des courants migratoires qui y convergent. Il ne s'opère généralement pas, chez les migrants, de coupure avec le milieu d'origine ; les liens sont conservés, et même le retour est préparé. La migration est souvent voulue et organisée comme une étape préparatoire à un mouvement ultérieur. On observe en outre que la réussite de l'inscription urbaine des migrants diffère profondément selon les conditions qui président au mouvement, selon qu'il est le résultat d'un choix ou qu'il est contraint par la recherche d'un emploi. La prise de possession de la ville par les migrants est dominée par une stratégie de conservation de la situation passée : les migrants ruraux continuent à vivre avec le village ; les migrants interurbains, par contre, n'entretiennent pas, pour la plupart, de liens durables avec leur commune d'origine. On assiste alors à un repli sur le groupe domestique, à des tentatives de restauration des conditions antérieures concernant notamment l'habitat et l'emploi de la femme. Corrélativement se prépare souvent une «évasion» prochaine vers la campagne périurbaine. L'appartenance sociale des migrants explique les différences considérables observées dans les modes d'apprentissage et d'appropriation de la ville : tandis que les migrants d'origine rurale s'inscrivent dans un espace complexe urbain et rural, le pays au sens lorientais, les cadres venus d'une autre ville appréhendent l'ensemble de la cité ; les ouvriers d'origine urbaine se concentrent sur et autour du logis. L'enquête a révélé enfin les rôles différents joués dans le processus d'inscription par la femme, l'homme, les enfants, la famille constituant une unité centrale dans le processus de mobilité vers la ville et d'inscription dans la ville. L'article se termine par des réflexions, dans des perspectives d'action, sur le caractère éminemment réversible de l'installation urbaine de ruraux et, provisoire, de celle des migrants interurbains ; sur la relativité de la notion de «centralité », chère aux urbanistes ; sur la dynamique de la «rurbanisation» et des succès des nouveaux lotissements de maisons individuelles dans les communes rurales ; sur la pauvreté de la notion d'animation urbaine par les urbanistes, qui confond sociabilité de rencontre et sociabilité d'échanges.Los migrantes en la ciudad. Las reflexiones presentadas en este artículo son la continuación de un trabajo de encuestas cuyos resultados detallados se encuentran en la obra la Entrada en la cidudad, 1974, donde se buscaba precisar la manera por la cual los migrantes de origen rural o de origen urbano encuentran un lugar en la ciudad que los acoge, que les es extranjera, y las formas de su «inscripción». Lorient y Dunkerque fueron elegidas teniendo en cuenta las características contrastadas de las corrientes migratorias que allí convergen. En los migrantes, generalmente, no se opera un corte con el medio de origen ; los lazos son conservados y mismo la vuelta está preparada. La migración es, muy seguido, querida y organizada como una etapa preparatoria a un movimiento posterior. También se observa que el éxito de la inscripción urbana de los migrantes varía profundamente dependiendo de las condiciones que presiden al movimiento, según sea el resultado de una libre elección o de una obligación por la búsqueda de un empleo. La toma de posesión de la ciudad por los migrantes está dominada por una estrategia de conservación de la situación pasada : lors migrantes rurales continúan a vivir con el pueblo ; los migrantes interurbanos, en cambio, no mantienen lazos durables con sus comunas de origen, en la mayoría de los casos. Entonces se asiste a un replieguo sobre el grupo familiar, a tentativas de restauración de las condiciones anteriores en lo que concierne a la vivienda y al empleo de la mujer. Paralela y frecuentemente se prepara una «evasión » cercana hacia la campaña peri-urbana. La pertenencia social de los migrantes explica las diferencias considerables observadas en los modos de aprendizaje y de apropiación de la ciudad : mientras que los migrantes de origen rural se inscriben en un espacio complejo urbano y rural, el «pais » en el sentido de la región de Lorient, los cuadros que vienen de otra ciudad aprehenden el conjunto de la ciudad ; los obreros de origen urbano se concentran alrededor de la vivienda. La encuesta muestra, por fin, los diferentes papeles jugados por la mujer, el hombre y los niños en el proceso de inscripción urbana ; la familia constituyendo una unidad central en el proceso de mobilidad y de inscripción hacia en la ciudad. El artículo termina por reflexiones, en las perspectivas de acción, sobre el carácter eminentemente reversible de la instalación urbana de los migrantes rurales, y provisoria de los inter-urbanos ; sobre la relatividad de la noción de «centralidad » querida a los urbanistas ; sobre la dinámica de la «rurbanización » y de los éxitos de los nuevos loteamientos de casas individuales en las municipalidades rurales ; sobre la pobreza de la noción de animación urbana, de parte de los urbanistas, que confunden sociabilidad de encuentros y sociabilidad de cambios.Barbichon Guy. Les migrants dans la ville. Lorient, Dunkerque. In: Les Annales de la recherche urbaine, N°3, 1979. pp. 3-25