Vers un cadre conceptuel socio-constructionniste pour appréhender l’acceptabilité sociale

Les controverses impliquant entreprises et communautés locales autour de grands projets de développement défraient l’actualité. Dans le contexte actuel de multiplication des controverses socio-économico-environnementales et de demande grandissante d’implication de la société civile dans la prise de décision liée aux projets dits de développement, le concept d’acceptabilité sociale s’impose comme un défi de gestion dans le microsome des promoteurs de projets majeurs, des décideurs publics et dans la sphère médiatique. Ces enjeux – qui introduisent de nouvelles formes d’incertitudes managériales et sociotechniques – donnent lieu à de nouveaux défis théoriques pour la recherche en management. Ainsi, notre étude suggère d’ancrer l’acceptabilité sociale dans les développements récents du socioconstructivisme, offrant une nouvelle conceptualisation de ce concept sur la base de la production interactive d’ordres négociés. Ce faisant, notre cadre conceptuel permet une meilleure compréhension du processus par lequel les entreprises et les parties prenantes locales négocient leurs champs d’actions, et du processus par lequel les entreprises parviennent à développer et à cultiver l’acceptabilité sociale de leurs projets en développant et en maintenant des formes organisationnelles hybrides favorisant la cohabitation de plusieurs logiques d’action.Controversies involving companies and local communities around major development projects represent a trend. In the current context of increasing socio-economic-environmental controversies and growing demand for greater involvement of civil society in decision making related to development projects, the concept of social licence to operate becomes an important management issue for project promoters and policy makers. The rise of local corporate-community conflicts surrounding major projects represents a trend rather than exceptional events, highlighting the social license to operate as a prominent strategic issue. These challenges raise new theoretical challenges for organizational research as they introduce new managerial and socio-technical types of uncertainty. We propose to ground the social license to operate within recent developments of socio-constructivism, offering a new conceptualization of this concept based on interactive establishment of negotiated orders. In doing so, this framework allows a better understanding of how firms and local stakeholders negotiate their fields of action, and how firms can enhance their social license by developing and maintaining hybrid organizational forms for handling the tensions between multiple logics of action