L’éthique à l’épreuve des nouvelles particularités et fonctions des informations personnelles1

Au fil du temps, les données personnelles semblent avoir changé de nature. Désormais, elles saisissent des éléments intrinsèques de la personne. Or, en même temps, elles paraissent échapper à la maîtrise de l’individu, et ce, à deux égards. Premièrement, la personne ne parvient pas à les appréhender intellectuellement. Deuxièmement, elle semble être dans l’impossibilité de les protéger juridiquement. Cette situation aboutit à une utilisation étendue et moins contrôlée des informations, utilisation dont le but est d’anticiper les besoins et comportements de l’individu. Ce dernier est enfermé dans un profil qui ne peut lui correspondre parfaitement, mais sur la base duquel sont pourtant prises des décisions à son égard. Un nouveau modèle se construit, automatisé et systématisé, dans lequel la personne est objectivée et réduite à un amas d’informations. L’éthique n’est alors plus vecteur d’équilibre et se fragilise au fur et à mesure de l’appréhension des informations personnelles.The meaning of the term “personal data” seems to have changed over time. Indeed, it now includes information related to people’s physical and psychological characteristics. At the same time, the people concerned by the data do not seem to have any intellectual or legal control over it. This leads to widespread, uncontrolled use of information for the purpose of anticipating people’s needs and behaviour. People are thus trapped in a profile that does not necessarily correspond to them but that serves as a basis for making decisions in their regard. A new automated and systematized model is being built, in which people are reduced to a set of data. Ethics is no longer helping to offset this trend and its role is gradually decreasing with the continued collection and use of personal information