Éthique appliquée, institutions adversatives et moralité des rôles professionnels

Arthur Applbaum a nommé éthique adversative la branche de l’éthique professionnelle qui cherche à justifier la moralité des rôles et des pratiques qui permettent aux acteurs d’avoir certains comportements pourtant interdits par la moralité ordinaire. Applbaum considère qu’aucun des différents arguments mis de l’avant par les défenseurs de l’éthique adversative ne justifie de tels écarts de la moralité ; les institutions adversatives et les rôles qu’elles génèrent ne peuvent créer de permissions morales exceptionnelles. Cela découle d’une position métaéthique particulière qu’il nomme positivisme institutionnel (practice positivism), et que l’on peut définir ainsi : la moralité ordinaire a une priorité délibérative sur les règles et les conventions des pratiques et des institutions sociales pour la simple raison que ces dernières sont dépourvues de toute force morale. Cet article cherche à défendre l’éthique adversative contre les critiques d’Applbaum.Arthur Applbaum speaks of an ethics for adversaries to name the branch of professional ethics aimed at justifying the morality of those roles and social practices which seem to allow agents to behave in ways that would be deemed unacceptable by ordinary morality. Applbaum considers that non of the arguments put forth by the proponents of an ethics for adversaries can justify a departure from ordinary morality. In other words, adversarial institutions and their roles cannot create special moral permissions. His position depends on a particular metaethical view he calls practice positivism, according to which ordinary morality always has deliberative priority over the rules and conventions of social practices and institutions, for the mere reason that these practices and institutions have no moral force. This paper addresses this issue, in order to defend the possibility of an ethics for adversaries against Applbaum’s criticisms