La grotte ornée paléolithique d’Etxeberri (Camou-Cihige, Pyrénées-Atlantiques) : datation du contexte archéologique de la « Salle des peintures »

The cave of Etxeberriko Karbia, in the “ Massif des Arbailles” (Western Pyrenees), has been the subject of spelunking expeditions since the early 20th century. However, during a visit in May 1950, P. Boucher, with G. Laplace, discovered a small painting of a red horse as they were on their way out of the cave before crossing through a crawlway. The following year, Laplace decided to study the art in this cave and, in 1952, he published the results along with the cave of Sasiziloaga (Laplace, 1952a and b). The general shape of the cave of Etxeberri is a 200 m long north-south gallery, with a difficult passage. It begins with a large chamber scattered with huge blocks from the partially collapsed vault. Accessing the decorated areas is particularly challenging because of the narrowness of the gallery and the presence of three underground lakes. The first chamber with parietal art is of modest size with extensive figures on both walls. Next, down a ten-metre vertical passage, is the end of the cave system with four decorated areas (la salle du gouffre, l’étroiture, la fissure, la corniche), and a 20-metre deep chasm. Laplace reports a total of 38 figures for the entire cavity, including a complex type of sign described as “ pectiforme”, ten horses, two bison, two ibex and a few dots and indeterminate lines. A later publication by P. Paillet (Paillet, 1989), based on existing literature, reports poor conservation of the paintings, with some vandalism. Indeed, several years of uncontrolled cave visits have caused the disappearance and/ or irreversible deterioration of a significant portion of the representations. The resuming of research in the cave of Etxeberri by a team under D. Garate Maidagan (2007-2010) was accompanied by the study of the other decorated caves in the “ Massif des Arbailles” : Sasiziloaga and Sinhikole. The recent investigations, which have discovered new paintings and engravings in all three cavities, can now offer an updated interpretation of the graphical representations and their context. Indeed, in 2008, during the study of the parietal art in the cave of Etxeberri, we found archaeological material (ochre and flint) on the ground beneath the decorated walls of the “ Salle des Peintures”. After authorization by the Aquitaine Service Régional de l’Archéologie, we performed a test excavation in 2010 to extract these remains and unearth others. Radiocarbon dates (by Beta Analytic Laboratory) were obtained from two fragments of burnt bones and a Littorina obtusata shell. The fragments of burnt bones yield two statistically different dates : 13370 ± 60 BP (equivalent to 16040-15690 cal BP) and 13770 ± 60 BP (equivalent to 16550-16240 cal BP). These dates are perfectly consistent with the known limits for the Middle Magdalenian. They therefore fit well with the “ Old Style IV” proposed by A. Leroi-Gourhan in 1971 based on stylistic comparisons (Leroi-Gourhan, 1971). The date of the first bone is slightly more recent which may indicate two painting stages within the Middle Magdalenian period. However, several arguments suggest a unique visit (stylistic coherence between decorated sectors, depth and danger of the cavity, etc.). However, the dating of the shell is even older and would correspond to the Lower Magdalenian (16570 ± 60 BP equivalent to 19470-19190 cal BP). This date should be interpreted cautiously, as it is generally accepted that a date obtained on a marine shell is 400 to 500 years older than one with a terrestrial origin. We cannot, however, totally exclude the idea of a quick visit before the Middle Magdalenian, unrelated to artistic events, as this could confirm another lithic artifact found in the “ Salle du Gouffre” in 2009. To conclude, these dates offer the possibility of chronologically situating the human artistic activity during the Middle Magdalenian in the chamber called “ Salle des Peintures” and, by extension, the other decorated chambers away from the cave entrance. In recent years, direct AMS-14C dating of paintings and archaeological contexts in decorated caves has become more common and can now contribute to a discussion about the place of Etxeberri in the art of the Magdalenian period in the Franco-Cantabrian region (including the sites of Bédeilhac, Niaux, Marsoulas, Le Portel, Trois-Frères, Oxocelhaya and Covaciella, Tito Bustillo, Altamira, La Garma, Santimaniñe, etc.). Thus, formal and stylistic parallels, supported by the new dates, can link Etxeberri with other relatively contemporary decorated caves in this geographical area.Etxeberriko karbia, située dans le massif des Arbailles (Pyrénées occidentales), était déjà connue avant sa découverte scientifique et faisait l’objet d’explorations spéléologiques depuis le début du XXe siècle. C’est au cours d’une visite menée par P. Boucher accompagné de G. Laplace, le 1er mai 1950, que ces derniers découvrirent sur le chemin du retour, avant de franchir une chatière, un petit cheval rouge. En 1951, G. Laplace prend en charge l’étude de l’art pariétal de la cavité et publie les résultats avec ceux de la grotte de Sasiziloaga (Laplace, 1952a et b). Etxeberri se présente sous la forme d’une longue diaclase orientée nord-sud d’environ 200 m de long dont le parcours est particulièrement difficile. Elle débute par une grande salle jonchée d’énormes blocs provenant de l’éboulis partiel de la voûte. L’accès aux secteurs ornés est complexe en raison de l’étroitesse de la galerie principale et de la présence de trois lacs souterrains. La première salle révélant des manifestations pariétales a des dimensions modestes alors que les deux parois livrent pourtant des figures de grande envergure. Par la suite, en descendant un puits d’une dizaine de mètres, on accède à la partie terminale de la cavité qui recèle encore quatre secteurs ornés (la salle du gouffre, l’étroiture, la fissure, la corniche), ainsi qu’un gouffre d’environ 20 m de profondeur. G. Laplace dénombre un total de trente-huit motifs graphiques pour l’intégralité de la cavité : signe complexe décrit comme «pectiforme » , dix chevaux, deux bisons, deux bouquetins, points et tracés indéterminés. Une publication postérieure de P. Paillet (Paillet, 1989), sur la base des sources bibliographiques existantes, fait état d’une mauvaise conservation des peintures, partiellement mutilées par des actes de vandalisme. Les visites non contrôlées de la cavité pendant plusieurs années ont, en effet, provoqué la disparition ou la détérioration irréversible d’une partie importante du dispositif graphique. La reprise de l’étude de la grotte d’Etxeberri, menée par une équipe dirigée par D. Garate Maidagan (2007-2010), est accompagnée de celle des grottes ornées voisines du massif des Arbailles : Sasiziloaga et Sinhikole. Les récentes investigations, qui ont livré de nouvelles peintures et gravures au sein de ces trois cavités, permettent aujourd’hui de proposer une lecture actualisée du dispositif graphique ainsi que de leur contexte. En effet, au cours de l’une des campagnes d’études (2008) de l’art pariétal de la grotte d’Etxeberri, du matériel archéologique (ocre et silex), a été observé en surface, au pied des parois ornées de la «salle des Peintures » . Après autorisation du service régional de l’Archéologie d’Aquitaine, un sondage limité, réalisé au cours de la campagne 2010, a permis de récupérer ces vestiges, ainsi que d’en exhumer d’autres. Des datations radiocarbone (laboratoire de Beta Analytic) ont pu être réalisées sur deux fragments d’os brûlés, ainsi que sur une coquille de Littorina obtusata, situant ainsi chronologiquement l’activité humaine au sein de cette salle, éloignée de l’entrée de la cavité, au cours du Magdalénien moyen. Ces dernières années, les datations directes par 14C-AMS des peintures et des contextes archéologiques au sein des grottes ornées se sont multipliées et permettent aujourd’hui de débattre de la place d’Etxeberri au sein de l’art magdalénien de la région franco-cantabrique. Ainsi, des parallèles formels et stylistiques, appuyés par ces nouvelles datations, peuvent être proposés avec d’autres manifestations artistiques pariétales relativement contemporaines dans le temps au sein de cet espace géographique.Garate Maidagan Diego, Bourrillon Raphaëlle, Rios Joseba. La grotte ornée paléolithique d’Etxeberri (Camou-Cihige, Pyrénées-Atlantiques) : datation du contexte archéologique de la « Salle des peintures ». In: Bulletin de la Société préhistorique française, tome 109, n°4, 2012. pp. 637-650