Figuration and transfiguration of History in Guillaume Apollinaire’s work

"Merde aux Historiens", tonnait Apollinaire en 1913 dans l'Antitradition futuriste. Pourtant, l’Histoirefourmille sous toutes ses formes dans l’œuvre de l’écrivain, lui conférant son unité.Si l’Histoire protéiforme des peuples irrigue tant la création apollinarienne, c’est pour nourrir le « lyrisme neufet humaniste en même temps » que revendique l’auteur érudit. Mais quand survient la guerre, le regard du poète devenusoldat se transforme, et l’histoire vécue de la Grande Guerre, dont « Gui » a conscience qu’elle restera dans la grandeHistoire, bouleverse la perception de l’écrivain : l’Histoire n’est plus lointaine, elle est ancrée dans la boue destranchées, et Apollinaire en transfigure l’horreur dans les poèmes et les lettres qui en témoignent.Alternant études d’ensemble et micro-analyses stylistiques, nous identifions et expliquons les références àl’Histoire mobilisées dans toute l’œuvre apollinarienne. Notre but n’est pas seulement de recenser et de rendre pluslisible un matériau extrêmement éclectique, ancré dans divers supports génériques, mais également de circonscrire unepoétique de l’Histoire apollinarienne en identifiant les procédés de transfiguration mis en œuvre par l’écrivain pours’approprier avec virtuosité les éléments pris au passé du monde entier, qu’il s’agisse de la grande Histoire des conflitsou de celle – souvent inconnue – des marges, qui, toutes deux, tendent un miroir réflexif sur la personnalité et l’œuvrede l’écrivain. Dans un intérêt aussi stylistique que génétique, nous mettons au jour des sources livresques dont s’estinspiré Apollinaire, et qui constituent, entre autres, le terreau ancien de sa fulgurante modernité."Merde aux historiens", thundered Apollinaire in 1913 in L’Antitradition futuriste. Yet History abounds in allits forms in the writer’s work, giving it its unity.If the protean History of peoples is so much a part of Apollinaire's creation, it is to nourish the "new andhumanist lyricism at the same time" that the erudite author claims. But when the war comes, the gaze of the poet whohas become a soldier is transformed, and the lived history of the Great War, which "Gui" is aware will remain part ofHistory, upsets the writer's perception: History is no longer distant, it is anchored in the mud of the trenches, andApollinaire transfigures the horror of it in the poems and letters that bear witness to it.Alternating between general studies and stylistic micro-analyses, we identify and explain the references toHistory that are mobilised throughout Apollinaire's work. Our aim is not only to list and make more readable anextremely eclectic material, anchored in various generic supports, but also to circumscribe a poetics of apollinarianHistory by identifying the processes of transfiguration implemented by the writer to appropriate with virtuosity theelements taken from the whole world's past, whether it is the great History of conflicts or the - often unknown - one ofthe margins, both of which hold up a reflexive mirror to the writer's personality and work. With an interest that is asmuch stylistic as genetic, we bring to light the bookish sources from which Apollinaire drew inspiration, and whichconstitute, among other things, the ancient soil of his dazzling modernity