Reformulations du genre (masculin/féminin). Une expérience in vitro

International audienceUn des apports majeurs des études de genre a été de définir le genre comme une activité, une performance qui s’institue et se normalise par la répétition d’actes sémiotiques dont il n’existe pas d’énoncé originel. Les rapports entre femmes et hommes sont donc produits par d’incessantes reformulations de ces catégories et de leur rapport. D’un point de vue linguistique, ces reformulations sont toutefois difficiles à saisir en ce qu’elles ne se donnent jamais comme telles, et se produisent à des niveaux linguistiques, discursifs et sémiotiques très divers. Cette contribution présente une expérience mise en place pour capturer ces reformulations. À travers un corpus d’entretiens dans lesquels des locuteurs et des locutrices sont invité·es à commenter des photos de visages, je propose une analyse des stratégies d’assignation de genre, qui pourra éclairer comment l’énonciation du genre se produit par reformulation.Après une introduction sur la place de la reformulation dans la production du genre qui permettra de voir en quoi répétitions et reformulations fondent le rapport entre individus et catégorie, je présenterai l’expérience menée. En troisième partie, je fournirai une première analyse de ce corpus, qui s’articulera en deux temps : tout d’abord, je montrerai que les locuteurs et les locutrices doivent créer des index dynamiques, qui questionnent la naturalisation des catégories de genre, et leur binarité. Ensuite, je proposerai une première ébauche de typologie des différentes reformulations qui permettent de produire le genre, que ce soit de manière normative ou déviant