L'infanticide dans l'est de la Belgique aux XVIIIe-XIXe siècles : une réalité

No deep research has yet been undertaken on infanticide in the eastern regions of Belgium in the XVIIIth and XIXth centuries. According to the statisticians who studied the fate of children and criminality during the period 1820 to 1850 in Belgium, infanticide was rare and even highly exceptional. But was this really the case ? In order to illuminate this point, several sources are reviewed ; for the XVIIIth century : parish registers of the city of Liège, records concerning those sentenced to death, reports on the discovery of corpses ; for the xixth century : records of the Assize Court of Liège, police reports, civil status, and statistical publications. The result is a rather deformed picture, rather difficult to interpret : yes, infanticide was a reality, but what reality ? In the XVIIIth century, a few discoveries of corpses of new-born infants, one or another case of infanticide paint an impressionist picture. In the following century, quantification is possible, but is not easily interpreted. However, one observation is unavoidable : the upsurge in infanticide in the years 1800-1810, 1817-1820, 1860 and at the end of the century. Using the records of the Assize Court, it is possible to get an idea of the personality of the accused woman and to imagine the circumstances surrounding the act : its criminal nature disappears, leaving the human suffering which these women, more victims of the situation than guilty of a crime, endured.L'infanticide n'a pas encore fait l'objet de recherches poussées en ce qui concerne l'Est de la Belgique aux XVIIIe-XIXe siècles. Selon des statisticiens qui étudièrent le sort des enfants et la criminalité durant les années 1820-1850 en Belgique, l'infanticide est rare, voire même exceptionnel. En était-il réellement ainsi ? Afin d'y voir plus clair, plusieurs sources sont passées en revue : pour le XVIIIe siècle, les registres paroissiaux de la ville de Liège, les archives relatives aux condamnés à mort, les rapports sur la découverte de cadavres ; pour le XIXe siècle : les dossiers de la Cour d'assises de Liège, les rapports de police, l'état civil, les publications statistiques. Il en ressort une image déformée : oui l'infanticide était une réalité, mais quelle réalité ? Au XVIIIe siècle, quelques découvertes de cadavres de nouveau- nés, l'un ou l'autre cas d'infanticide forment un tableau impressionniste. Au siècle suivant, une quantification est possible mais son interprétation est délicate. Une constatation s'impose pourtant : la recrudescence de l'infanticide dans les années 1800-1810, 1817-1820, 1860, et en fin de siècle. Grâce aux dossiers de la Cour d'assises on saisit la personnalité de l'accusée et on imagine les circonstances du drame : le caractère criminel s'efface et laisse la place à la souffrance humaine vécue par des femmes plus victimes que coupables.Leboutte René. L'infanticide dans l'est de la Belgique aux XVIIIe-XIXe siècles : une réalité. In: Annales de démographie historique, 1983. Mères et nourrissons. pp. 163-192