1790 : la révolution de vingt-huit millions de Français ?

La population française de 1790 n'est connue que par trois sources : Young, Pinteville de Cernon et le Comité des Contributions publiques (et non le Comité de Division). La comparaison entre ces trois évaluations et les recensements suivant de Van II et de 1806 conduit à écarter les chiffres de Young, mais surtout permet de mettre en lumière, pour les deux autres sources, l'aspect composite des renseignements fournis. Pour partie, le Comité des Contributions et Pinteville utilisent les résultats du recensement du Comité de Division, pour partie, ils proposent des évaluations en multipliant la population active par un coefficient. Dans ce dernier cas, s'agissant le plus souvent de départements peuplés à faible taux de population active, les estimations aboutissent à d'importantes sous-évaluations. Aussi, grâce aux papiers du Comité de Division (DIV bis 48-53), il est possible de préciser les départements pour lesquels le recensement a été fait (80 °/o) ; à partir de ces renseignements, une reconstitution de la population française pour 1790 a été tentée : la France dans les limites de 1790 compterait 28,1 M h. — avec une marge d'erreur de ± 100 000 h. — . Dans cette perspective, de 1790 à 1806 la croissance serait de l'ordre de 800 000 h., à territoire constant, mais cette croissance globale de l'ordre de 2,5 % apparaît comme très inégalement répartie : à la croissance forte de la France du Nord et de l'Est (+ 10 %) s'oppose le déficit net, même s'il est un peu surévalué, du Sud-Ouest (— 6 %).Langlois Claude. 1790 : la révolution de vingt-huit millions de Français ?. In: Annales de démographie historique, 1976. pp. 215-258