Une lecture socratique du Prométhée d'Eschyle ou : Prométhée, fondateur de la religion

Reading «Prometheus bound» of Aischylos, there is no basis to the assumptions of modern theorists, representing Prometheus as a symbol of anti-religious revolt. Prometheus is neither man, nor father or creator of men. He is not Satan either for, being an uncle of Zeus, it is his right to blame the godly tyrarr. Defensor of men, Prometheus is entitled to our gratefulness. An an almost-Christ mediator, Prometheus imposes a harmonic coexistence upon two races : the divine and superior one, the human and inferior one. This order is of the same nature as the one Socrates claims, in the Gorgias, to be the one that maintains the world. The understanding between gods and humans, that Prometheus introduces, corresponds to religion's definition in Euthyphron. Although he seems to forge his own unhappiness in a foolish way, in fact Prometheus cleverly avoids being enrolled in the desastre that Zeus' disorder will inflict on himself, Zeus, and his followers. After thirty thousand years, Zeus will give in to the need of order, and will reconcile Prometheus. Thirty thousand years of suffering were needed to enable to give Prometheus a tragic meaning, rather than a philosophical one : his beneficial sacrifice remains a sacrifice. Being proud, violent, dangerous, is imitating Zeus's model, not Prometheus's one.Le Prométhée Enchaîné d'Eschyle n'offre aucune base aux imaginations modernes, qui font de Prométhée un symbole de révolte anti-religieuse. Prométhée n'est ni homme, ni père ou créateur des hommes — ni non plus Satan, car, oncle de Zeus, il a le droit de blâmer ce divin tyran. Défenseur des hommes ; Prométhée mérite notre reconnaissance. En médiateur quasi-christique, Prométhée impose une coexistence harmonieuse aux deux races : la divine et supérieure, l'humaine et inférieure. Cet ordre est de même nature que celui dont Socrate, dans le Gorgias, assure qu'il fait vivre le monde. L'entente entre dieux et hommes que Prométhée prépare correspond à la définition de la religion dans l'Euthyphron. Bien qu'il semble faire follement son propre malheur, Prométhée évite sagement d'être enveloppé dans le désastre que les désordres de Zeus attireront sur Zeus et ses courtisans. Au bout de trente mille ans, Zeus cédera à l'exigence d'ordre, et se réconciliera avec Prométhée. Car il faut trente mille ans de souffrances pour conserver à Prométhée son caractère plutôt tragique que philosophique : son sacrifice avantageux reste un sacrifice. Etre orgueilleux, violent, dangereux, c'est imiter le modèle, non de Prométhée, mais de Zeus.Méron Évelyne. Une lecture socratique du Prométhée d'Eschyle ou : Prométhée, fondateur de la religion. In: Revue des Études Anciennes. Tome 85, 1983, n°3-4. pp. 199-213