Peinture et dépassement de la réalité dans le Banquet de Platon

Le Banquet se présente comme la relation fidèle d'un événement réel, qui fournirait les éléments essentiels d'un portrait de Socrate, notamment dans sa troisième partie. Mais le réalisme de la description, tant des personnages que de l'événement, se révèle largement fictif. Même le portrait que trace Alcibiade de Socrate ne peut se comprendre que par référence à la deuxième partie du dialogue. Les détails de la mise en scène, dans la partie qui précède les discours, trouvent leur justification dans les thèmes qui seront développés par la suite, et font partie intégrante de la structure d'ensemble. En particulier, l'ordre des places occupées par les convives anticipe l'ordre de leurs discours, fondé sur une progression dialectique. La mise en scène de la troisième partie révèle les mêmes correspondances avec les thèmes dominants du dialogue, notamment dans la scène finale, qui en éclaire un des principaux symboles, et témoigne de la subtilité de sa construction.Babut Daniel. Peinture et dépassement de la réalité dans le Banquet de Platon. In: Revue des Études Anciennes. Tome 82, 1980, n°1-2. pp. 5-29