La tragédie des vaincus : un architexte troyen dans le théâtre français, de la Renaissance à l'Âge classique

Cette étude, qui ne se veut ni exhaustive ni même panoramique, questionne la prégnance et la fécondité d'un certain modèle sur les tragédies françaises. Elle cherche ainsi à isoler ce qu'a pu être l'apport principal de la légende de Troie et des intertextes antiques : la ville ruinée, l'esclavage ou le massacre des femmes et des enfants au lendemain du sac apparaissent comme un argument tout à fait singulier parmi les nombreux sujets troyens mis en oeuvre. À travers les pièces d'Euripide (Hécube, Les Troyennes) et de Sénèque (Les Troyennes), un tel argument offre une structure et un personnel dramatiques typés, propres à constituer, pour l'inventio des auteurs modernes, un architexte qui est particulièrement actif au cours de la seconde moitié du XVIe siècle et qui se révèle même capable d'organiser d'autres matériaux dramatiques. Au-delà, s'impose un imaginaire de violence et de malheurs collectifs qui continue d'exercer un profond attrait tragique jusque sur Racine.Mantero Anne. La tragédie des vaincus : un architexte troyen dans le théâtre français, de la Renaissance à l'Âge classique. In: Reconstruire Troie. Permanence et renaissances d'une cité emblématique. Besançon : Institut des Sciences et Techniques de l'Antiquité, 2009. pp. 281-300. (Collection « ISTA », 1147